Dernières Nouvelles
19 septembre 2024

SOGA KOLANA ou SIRABA WORO (les six routes) : une autre place emblématique de la ville de Bobo Dioulasso

A la différence de la légendaire Place de la Nation ou Siraba Wolofla comme le commun des bobolais la désignait, la Place du Paysan ou Siraba Woro n’a pas connu une importance significative pendant la période coloniale. Les colons n’habitaient pas cette partie de la ville de Bobo Dioulasso et la zone n’abritait que quelques rares bâtiments et édifices publics (stade municipal, Collège Technique des jeunes filles, dispensaire d’Hamdallaye, etc).

Dans l’acceptation partagée par les bobolais, Siraba woro est vu comme un lieu de rencontre, un repère et un carrefour qui permet de se rendre vers les premiers quartiers de la ville de Bobo. En effet, à partir de cet endroit précis, on pouvait prendre la route afin d’accèder aux quartiers Farakan, Hamdallaye , Souroukoutchi, Diarradougou, Dioulassoba, Koumbougou, Tounouma, le centre commercial et la gare de train de la ville de Bobo-Dioulasso.

Mieux, c’était à partir de Siraba Woro qui se dégageait nettement  la route qui partait vers le Mali (route de Banakeledaga ou de Bama), la route qui menait vers la Trypano, et enfin la route de qui mène vers Dédougou (ou route de Sakaby). Il faut savoir que pendant longtemps, à la période coloniale, pour joindre Bobo à partir de   Ouagadougou, il fallait passer par Koudougou et Dédougou. Le parcours débouchait inévitablement sur l’esplanade de Siraba Woro.

A l’origine, la place a été baptisée par les autorités communales à la faveur des indépendances ; « Place de Liberté ». Cette place symbolisait l’indépendance acquise par les voltaïques et témoignait de notre appartenance pleine et entière au concert des nations. Notre adhésion à l’organisation de l’Union Africaine était célébrée en ces lieux à certaines occasions.

La place sera rebaptisée « Place du Paysan » par les révolutionnaires du Conseil National de la Révolution (CNR).  Une statue impressionnante représentant un paysan, une daba à la main trône désormais à cette place, symbolisant ainsi le culte, l’importance et la place que les révolutionnaires accordaient à cette couche de la population burkinabè dans le développement économique du Faso.

Cette place qui était bordée par de grands caïcédrats tient aussi sa renommée d’autres épisodes qu’a connu la Haute Volta. Il faut se rappeler que pendant la période coloniale et même bien après, l’onchocercose ou la cécité des rivières était une maladie qui faisait des ravages parmi la population dans les zones de campagnes. Cette maladie en effet rendait aveugle ceux qui avaient eu la malchance de l’avoir contracté et qui n’ont pas pu bénéficier de soins adaptés à un stade de l’incubation de la maladie.  A cette époque, on ne parlait pas encore de Personnes Déplacés Internes (PDI). Il n’était pas rare de voir à cet endroit de la ville, sous l’ombre des caicédrats, de nombreuses personnes de tous les sexes devenus aveugles par le fait de cette maladie, s’adonner à la mendicité surtout les vendredis. Il n’était pas rare de voir à cette époque dans la ville un seul enfant guidant avec un bâton plusieurs mendiants aveugles alignés à la queue leu leu. Siraba Woro était le lieu de regroupement de ces PDI d’un autre temps.

Salifou TIEMTORE

Personne Ressource BAA

By Ib_Z

Articles du même genre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *