Le thé aurait été infusé pour la première fois il y a 3 000 ans en Chine. Aujourd’hui, le thé vert est la variété la plus populaire en Chine, en Corée et au Japon, et sa renommée n’est plus un secret à démontrer. En effet, après l’eau, le thé est la boisson la plus consommée dans le monde, avec plus d’un milliard de tasses bues chaque jour. Sa popularité grandit également en Afrique ; au Burkina Faso, le thé vert est devenu une habitude alimentaire répandue dans de nombreux milieux. Pour explorer davantage cette boisson venue de l’empire du Soleil Levant, nous avons rencontré un fervent consommateur du thé, Siaka Zomo Sanou, natif de Bobo-Dioulasso, plus précisément du quartier historique Dioulasso-ba. Il est à la fois entrepreneur culturel et représentant de la marque de thé Achoura à Bobo-Dioulasso. Avec Zomo Sanou, nous avons discuté de la consommation de thé au Burkina Faso et de son impact sur la société.
Depuis combien de temps consommez-vous du thé vert chinois ?
Siaka Zomo Sanou : Je peux vous dire sans me tromper que je suis né dans le thé. Dès mon plus jeune âge, je voyais les grands frères et les papas prendre le thé. Pour me résumer, je suis né dans le thé et j’ai grandi dans le thé.
Comment avez-vous découvert le thé vert chinois ?
Je l’ai découvert avec les grands frères et les papas. Mais il faut dire qu’à l’époque, nous n’avions pas la chance de le savourer de cette manière. C’est finalement au grin, ce lieu de causerie entre amis autour d’un thé, que j’ai pu apprécier le thé comme il se doit. Bien que le thé soit devenu une habitude gastronomique pour les Burkinabè, il faut noter que Bobo est une ville assez atypique en matière de consommation de thé. En effet, dans cette ville, presque toutes les familles comptent des adeptes de cette boisson.
Quelles sont les principales raisons pour lesquelles vous buvez du thé vert ?
Il est vrai qu’à un certain moment, nous étions très jeunes et pour certains d’entre nous, c’était presque un effet de mode, car tout le monde voulait avoir son grin et ses théières. Cependant, pour moi personnellement, le thé et le grin ont été un catalyseur dans mes projets. En toute sincérité, c’est de là que j’ai puisé des idées pour l’entrepreneuriat. Je peux même dire que c’est grâce au thé que j’ai pu réaliser mes projets. A Bobo-Dioulasso, le thé représente un pan important de la vie sociale.
« Consommer le thé au grin est aussi un outil de lutte contre le terrorisme »
À quelle fréquence consommez-vous du thé vert ?
Il faut dire que pour moi, consommer dépend de mes activités. Je le consomme quand j’ai le temps. C’est pendant mes temps libres que je prends le thé. Souvent, même tôt le matin avant de sortir pour le bureau, j’en prends. Mais je n’abandonne jamais mes activités au détriment du thé. Cela dépend de mon emploi du temps. Le thé ne m’empêche pas de mener mes activités. J’ai un temps réservé pour ça.
A quelles conditions le thé vert pourrait-il procurer des bienfaits pour la santé du consommateur
À vrai dire, je n’ai pas de restrictions particulières à ce sujet. Là où je fais attention, c’est au niveau du taux de sucre. Compte tenu de l’impact sanitaire qu’il peut y avoir, je veille à ne pas dépasser la dose recommandée. En dehors de cela, le thé m’apporte santé et énergie. La médecine chinoise traditionnelle a depuis longtemps reconnu les vertus du thé vert bio de Chine. Tout d’abord, il est considéré comme le thé contenant le plus d’antioxydants. Etant donné que son oxydation a été stoppée, le thé vert a une forte teneur en polyphénols, également appelés catéchines. Ces puissants antioxydants aideraient à renforcer le système immunitaire, à lutter contre le vieillissement, tout en ayant un effet “brûle-graisse” sur l’organisme. De plus, la présence de théanine serait réputée pour réduire le stress et apporter un effet relaxant. Son rôle est de protéger les cellules des radicaux libres. En agissant ainsi sur le système immunitaire, le thé vert a aussi des vertus cosmétiques, redonnant vitalité à la peau. Par ailleurs, grâce à son action sur le foie, le thé est connu pour ses bienfaits digestifs.
Entre temps, il y a eu des débats liés à la qualité d’une certaine marque de thé. Qu’en est-il des allégations ?
Concernant la crise liée au thé Achoura que je représente, je dois dire que ce fut une période difficile. Le PDG, Oumar Ag, nous a assuré que sa société n’est pas seulement un gros importateur de thé, mais qu’elle est également présente dans 17 pays pour témoigner de la qualité de sa marque. Ainsi, il n’y avait aucune raison pour eux de compromettre la qualité de leurs produits, ce qui aurait mis en péril leur réputation. Actuellement, nous recevons au Burkina entre 80 et 120 tonnes de thé Achoura en moyenne par semaine. En résumé, cet incident semblait être le résultat d’une compétition féroce entre concurrents. Heureusement, après des explications entre les parties impliquées, tout est rentré dans l’ordre et la situation est maintenant stable
Comment cette affaire a-t-elle affecté la crédibilité de votre produit aux yeux des consommateurs ?
Cela n’a pas affecté nos activités ici, car dès le début, nous avons identifié cela comme une rivalité commerciale. Ainsi, nous avons pu rassurer les commerçants et les consommateurs grâce à des actions de communication mettant en avant la qualité et la crédibilité de notre marque de thé. En revanche, un défi auquel nous avons été confrontés est celui de la contrefaçon. Des individus ont commencé à falsifier le thé Achoura, ce qui a considérablement influencé la qualité et le goût de notre produit. Heureusement, nous avons pu réagir rapidement et contenir cette pratique. Dieu merci, tout est maintenant sous contrôle.
« Il constitue une forme d’assistance sociale, capable de prévenir la radicalisation individuelle »
Certaines personnes pensent que la plupart de ceux qui consomment le thé sont des paresseux. Que pensez-vous de cela?
Je peux affirmer avec certitude que ce ne sont que des stéréotypes, voire des préjugés, concernant la consommation de thé. En quoi le thé pourrait-il être associé à la paresse ? C’est une question que je me pose. Si tel était le cas, la Chine ne serait pas la grande nation qu’elle est aujourd’hui, puisque le thé est profondément enraciné dans la culture chinoise. La Chine est d’ailleurs l’une des grandes puissances mondiales. Il est important d’être réaliste et de faire la part des choses. Les gens boivent du thé en fonction de leur disponibilité et non par manque d’occupation ou par désir de ne rien faire.
Quel message à l’endroit des personnes qui croient à ces stéréotypes
Je leur recommande plutôt de chercher à comprendre ou à connaître la réalité de certains milieux avant de porter un jugement. Cela peut prévenir certains débordements. Prendre le thé est un plaisir. Dans le cas des grins de thé, il s’agit d’un lieu de débat, de partage d’expériences, souvent même de rencontres. Le thé n’est pas simplement une boisson, mais un moyen de renforcer la cohésion sociale. On pourrait même dire qu’il constitue une forme d’assistance sociale, capable de prévenir la radicalisation individuelle. Ainsi, pour moi, c’est aussi un outil de lutte contre le terrorisme.
Quelles suggestions auriez-vous pour améliorer l’expérience de consommation du thé vert chinois ?
Aujourd’hui, le marché regorge de nombreuses marques. Je conseille donc aux consommateurs du thé et aux amateurs, de toujours rechercher la qualité. En termes de qualité, je peux affirmer sans me tromper que la marque Achoura se distingue. Elle offre une option de consommation sans souci pour la santé, notamment lorsque le taux de sucre est contrôlé.
Y a-t-il d’autres aspects liés à la consommation de thé vert chinois que vous aimeriez partager ?
Nous appelons vivement ceux qui se livrent principalement à la contrefaçon à cesser cette pratique, car la santé des consommateurs est en jeu. En tant que consommateurs, nous recherchons la qualité et nous demandons aux producteurs de s’abstenir de compromettre notre bien-être en proposant des produits de qualité inférieure. Dans les prochains jours, nous prévoyons organiser des campagnes de sensibilisation à l’intention des commerçants, des consommateurs et des autorités.