Le 28 septembre 2022 a eu lieu à Ouagadougou le lancement officiel du projet de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest. Projet d’envergure sous-régionale, il est porté par l’ONG Catholic Relief Services(CRS) pour une enveloppe de 2 000 000 de dollars (soit 1 372 800 000 francs CFA) se déroulera sur 18 mois du 30 juin 2022 au 31 décembre 2023. Et ce la grâce au financement de la Fondation Bill & Mélinda Gates. La cérémonie de lancement a eu lieu sous le patronage du ministre en charge de la santé et celui de l’enseignement supérieur avec comme pays invités la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Sénégal et la Tanzanie.
2 000 000 de dollars soit 1 372 800 000 francs CFA financés par la Fondation Bill & Mélinda Gates. Telle est l’enveloppe qui va permettre la mise en œuvre du projet de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest. Ce projet d’envergure sous-régionale touchera 15 pays de la CEDEAO et est porté par l’ONG Catholic Relief Services(CRS).
Pour la, ce projet est la concrétisation d’un mouvement régional qui vise à réduire la prévalence de la malnutrition, surtout la carence en micronutriments. A cet effet, elle a laissé entendre qu’il a pour ambition à étendre et à améliorer l’enrichissement des aliments à grande échelle en Afrique de l’Ouest afin de combler le déficit en nutriments pour les femmes, les filles et les populations vulnérables. La mise en œuvre de ce projet comportera deux phases.
« Il s’agira de faire des études de recherche pour voir où sont les lacunes au Burkina Faso. Et après cela, dans la deuxième phase, voir les actions à prendre au Burkina Faso mais aussi dans tous les autres pays de la CEDEAO », a précisé Phillipa Sackett.
La secrétaire en charge de la santé au Burkina représentant son ministre, Dr Estelle Dabiré a indiqué que la situation nutritionnelle au Burkina Faso n’est pas reluisante. A cet effet, selon la SMART 2021, la secrétaire générale (SG) a indiqué que les prévalences de la malnutrition aiguë, chronique et de l’insuffisance pondérale au plan national sont respectivement de 9,7% ; 21,6% et 17,5%. « Derrière ces taux révélateurs se cache une alimentation monotone, non diversifiée et pauvre en toute mesure. Même la consommation du sel selon les normes pose problème », a confié Estelle Dabiré.
Elle a d’ailleurs fait savoir que la norme nationale pour le sel de consommation à la maison soit de 15,0 à 20,0 ppm d’iode, l’enquête nationale sur les micronutriments a révélé que sur 852 échantillons testés, 8% n’avaient pas d’iode, 35% avaient une quantité insuffisante d’iode, et 27% avaient une quantité adéquate d’iode. C’est pourquoi la représentante du ministre de la santé s’est demandée si les femmes et les enfants peuvent développer pleinement leur potentiel en étant soumis à un tel régime. Ainsi, elle s’est réjouie de la mise en œuvre des activités de ce projet qui répond avec le plan stratégique multisectoriel de nutrition et le plan de lutte contre les carences en micronutriments de son département. Elle a renouvelé l’engagement du gouvernement burkinabè aux côtés du CRS pour la réussite de la mise en œuvre de ce projet et en remerciant la fondation Bill & Mélinda Gates pour son accompagnement.
Le contrôle doit être de mise
Invitée à cette cérémonie, l’Association des industriels de la filière oléagineuse (AIFO) de l’UEMOA et de la CEDEAO (AIFO-UEMOA-CEDEAO) à travers son secrétaire exécutif, l’ambassadeur Euloge Hinvi est venue partager son expérience dans la fortification des aliments consommés.
« Depuis 2004, nos industries de la sous-région fortifient les huiles végétales que nous consommons en vitamine A et d’autres micronutriments. On nous a habitués à manger beaucoup de pain. Donc, nous fortifions également la farine produite de façon industrielle », a-t-il fait savoir. Il a renchéri en ces termes : « nous constatons sur le terrain, qu’il y a beaucoup de produits qui ont été fortifiés. Mais est-ce qu’ils sont vraiment fortifiés ? Nous avons un travail de contrôle à priori et à posteriori à faire pour le savoir. Et là, nous sollicitons l’accompagnement de nos États, nos gouvernements à travers le ministère de la Santé, de l’Enseignement supérieur et d’autres départements ministériels comme le ministère du Commerce, pour qu’il y ait un meilleur contrôle de la qualité des produits qui rentrent de façon frauduleuse dans nos marchés ».
SN-CITEC industrie pionnière dans la fortification des aliments au Burkina
Un lancement qui a réjoui plus d’un notamment la SN-CITEC qui à travers son chef de division huilerie, Amadou Diallo qui a estimé que le lancement de ce projet est la bienvenue, car selon lui, cela va résoudre les carences alimentaires des populations. « Les jalons sont lancés, c’est à nous de voir comment on peut les accompagner », a-t-il indiqué. Il a précisé que la SN-CITEC est l’industrie pionnière dans la fortification des aliments au Burkina. « Nous avons commencé la fortification dans les années 2008 en Vitamine A. Nous étions accompagnés par 700 structures », s’est –il réjoui. Il a regretté que les autres industries n’ont pas suivi leur démarche notamment les autres huileries du Burkina. A cet effet, il a dénoncé une concurrence déloyale car pendant que la SN CITEC fait la fortification les autres ne le font pas. D’ailleurs selon le Laboratoire national de santé publique (LNSP) à la date du vendredi 22 avril 2022, dans la sphère des huiles alimentaires, seule la SN CITEC avec la marque SAVOR est citée comme faisant l’objet d’un contrôle sanitaire régulier
Pour Kaboré Alice, nutritionniste au CHR de Koudougou et membre de la société de nutrition du Burkina s’est réjoui que sur le marché burkinabè on y trouve des produits fortifiés ou enrichis en micronutriments qui participent à la préservation des maladies liées aux carences des micronutriments. C’est pourquoi, elle souhaite que les populations aient un large accès aux différentes gammes de produits fortifiés.
Elle n’a pas manqué de dénoncer le fait qu’il existe plusieurs produits fortifiés sur le marché qui en réalité ne le sont pas. La nutritionniste souhaite que les producteurs de ces aliments puissent garantir de la fortification de leurs produits pour que les consommateurs soient mieux rassurés. Alice Kaboré propose à cet effet, qu’il y ait plus de communication sur les produits fortifiés pour que le consommateur ait confiance. C’est pourquoi elle s’est réjouie du lancement de ce projet qui est un grand pas qui permettra de disponibiliser des produits fortifiés de qualité.
Dasmané Traoré, président de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) présent à cette rencontre, a fait savoir qu’il y a un problème de santé lié à une carence nutritionnelle principalement à la vitamine A. C’est pourquoi, il a salué le lancement de ce projet et souhaite que sur le terrain cela soit appliqué. Il a confié que le LCB a fait une enquête sur 13 huiles analysées par le Laboratoire national de santé publique ont révélé que 5 ne disposaient pas de vitamine A pourtant estampillées vitamine A. Dasmané Traoré a souhaité qu’il y ait un contrôle accru des produits dits fortifiés. Une visite des stands d’exposition a mis fin à la cérémonie de lancement du projet de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest.
Par Salam BAKO