« Il n’y a que celui qui ignore les horreurs de la guerre, qui ose prétendre être prêt pour elle », nous enseigne une maxime populaire.
La nuit du lundi 11 au mardi 12 juillet et celle du mardi 12 au mercredi 13 juillet ont été désagréablement longues pour les certains habitants du quartier Wapassi de Ouagadougou.
Réveillés par des rafales d’arme à feu, insistantes et à proximité de leurs habitations, la peur acheva de leur ôter le sommeil jusqu’au petit matin. Dans un contexte où les attaques sont courantes dans certaines localités du pays, nul ne peut être serein lorsqu’il entend des détonations dans les environs de son quartier ou son domicile, nous font comprendre ces habitants.
Il leur fallu attendre au petit matin du mardi 12 juillet pour comprendre ce qui leur arrivait. Rapidement, les esprits se calmèrent lorsque les habitants apprirent que cet incident était l’œuvre d’un résidant du quartier et qu’il ne s’agissait pas d’une attaque. Toutefois aucun eux ne fut pour autant totalement rassuré.
En effet, le dimanche 10 juillet, de retour d’une mission au Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, l’auteur de ce trouble n’était autre qu’un soldat bien connu, habitant aussi dans le quartier.
Mais que ce serait-il passé pour qu’il en vienne à tirer en l’air autour de 3h du matin et ce de façon continue ? Était-ce un voleur qu’il visait ? une dispute de couple ? est-on en droit de se poser comme questions.
Mais la réponse est non et non. Ce soldat au tempérament « explosif » dont la mission devait durer trois mois (mais dura environ cinq mois), souffrirait d’un déséquilibre mental depuis son retour.
Les informations recueillies révélèrent que l’individu qui n’est pas à sa première mission, en revenait habituellement « avec tous ses esprits » sans le moins trouble psychologique. Cependant, cette fois-ci, il aurait lui-même dans ses moments de lucidité avouer avoir perdu le sommeil depuis un moment. Et quand il parvenait à dormir, c’est d’un sommeil agité. Il lui arriverait de se réveiller très souvent tard les nuits sans pouvoir se rendormir. Les rafales en l’air qu’il fit dans sa cour, en présence de sa famille et ses enfants, sans raison apparentes, semblent donc être la manifestation de son malaise, peut-être les expressions d’un traumatisme ou d’une dépression en cours.
Son état perturbé constitue de ce fait un danger constant et permanent pour sa famille et les autres habitants de son quartier. Ce comportement instable suscite une grosse inquiétude au regard des actions imprévisibles et agressives qu’il pourrait entreprendre. Libre de ses mouvements et il n’hésiterait pas à menacer les gens autour de lui. Ces menaces, compte tenu de son état et sa profession sont très prise au sérieux par tous ceux à qui ils les adressent.
Après la nuit de terreur du 11 au 12 juillet, un habitant terrifié fit appel à des éléments de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) dans la matinée du mardi 12 juillet pour les constatations d’usage et dans une moindre mesure leur apporter une assistance sécuritaire. Ces derniers après s’être entretenus avec le soldat « a la gâchette rapide », repartirent en rassurant le voisinage et les habitants. Cela suffit alors à atténuer les craintes et ramener une relative quiétude.
Mais, dans la soirée du 12 juillet autour de 20h, l’individu tira à nouveau des coups de feu en l’air dans sa cour pendant que sa femme et ses enfants s’y trouvaient. Alors que rien n’avait laissé transparaitre auparavant une quelconque hostilité, il se remit à rafaler en l’air pour des raisons que lui seul pourrait expliquer.
La panique regagna les foyers dans le quartier à nouveau. Il parut évident que malgré la visite de la CRS, l’individu conserva son arme et son chargeur. Le risque d’incident dramatique demeurait donc tout aussi grand.
Cette situation malheureuse nous emmène donc à nous poser des questions sur l’effectivité et la qualité de l’assistance et des soins psychologiques apportés à nos vaillants soldats après leur mission et même sur les durées des hommes sur le terrain avant leur permission.
Les éventualités de troubles post-traumatiques sont-elles évaluées avant leur retour à domicile ? En cas de suspicion de comportements agressifs ou d’instabilité psychologique, les armes ne devraient-elles pas être confisquées avant que les soldats ne rentrent chez eux ?
En ce qui concerne ce soldat qui manifestement n’est plus « seul dans sa tête », il s’érige en danger public capable de faire autant de dégâts à l’endroit des populations, que ceux qu’il a combattus au cours de ses missions. Il a clairement besoin d’une aide d’urgence, non seulement pour ne pas s’en prendre un jour à ceux qu’il est censé protéger mais aussi pour pouvoir continuer son travail, c’est-à-dire défendre le territoire.
Nous nous réjouissons que ces incidents n’ait fait aucune victime et nous espérons que des mesures seront prises par la hiérarchie militaire à l’égard des soldats en fin de mission pour éviter de telles situations qui peuvent très vite se transformer en carnage irréparable.
Le front peut être le théâtre d’horreurs inimaginables et même les esprits les plus forts peuvent faiblir face à certaines situations que seule la guerre peut nous offrir de voir.
Force, courage et santé a tous nos soldats