ceci est une analyse du journaliste Boukary Ouoba
On n’a pas encore fini de parler du rapport d’Inata, mais nous sommes obligés de sauter à une autre branche, le rapport d’enquête de Gaskindé, il faut qu’on en parle.
Si Inata avait été convenablement traité. C’est à dire un rapport impeccable, irréprochable qui situe rigoureusement les responsabilités et nous éclaire sur les manquements et failles, des sanctions prises et une transparence patriotique vis à vis de l’opinion et de la Nation, je parierais un doigt que Gaskindé n’aurait pas eu lieu où tout au moins, on aurait minimisé le drame et économisé les « dégâts humains et matériels ».
Malheureusement l’impunité fait toujours le lit de l’impunité et l’irresponsabilité à tendance à devenir une culture. Quand on s’y met ça devient une seconde nature. C’est la sanction qui bonifie l’Homme parce que l’autre nom, sinon le vrai nom de la sanction c’est la correction. La sanction qu’elle soit positive ou négative, sa fonction c’est d’améliorer l’Homme. A contrario, l’homme s’il te gifle sur la joue gauche et que tu lui tends la joue droite, la prochaine fois, il t’arrache ce qui se trouve entre les deux jambes. C’est à cela nous assistons de la part des responsables militaires et civils qui ne répondent jamais de leurs responsabilités dans les drames qui nous arrivent.
Pourquoi le rapport de Inata reste sans suite? D’abord il y a eu un premier rapport qui a immédiatement été rejeté par le Président Kaboré qui en était le commentaire. La version revue et corrigée qui a été finalement acceptée n’a jamais été rendue publique. Des personnes ont été sanctionnées à titre conservatoire puisque leurs responsabilités n’ont pas été certifiées. Le MPSR dans ses premières actions a remis en cause ces sanctions. La réhabilitation des personnes sanctionnées est en soi une remise en cause du rapport qui a été reçu par le Président Kaboré.
En terme clair les Burkinabè doivent considérer qu’il n’y a pas de rapport sur le drame de Inata. Ça c’est un autre drame. C’est un vrai drame que de se rendre compte que notre Armée est incapable de produire un rapport dans une affaire qui la concerne entièrement. Incapable de produire un rapport impartial, juste, vrai et qui transcende les clivages internes pour s’élever à la hauteur des enjeux et défis nationaux. Une Armée qui n’est pas capable de faire son propre examen!! Notre plus grand leurre c’est de croire que nous avons une Armée. Nous avons peut être des militaires mais une Armée, non et ça c’est la meilleure explication du malheur que nous vivons dans ces moments de terreur sécuritaire. Même dans l’administration civile ,lorsqu’il y a un problème, on arrive à produire un rapport et a en tirer les conséquences.
Nous avons pas encore tout entendu mais les témoignages de personnes qui étaient dans le convoi de Gaskindé nous donnent froid au dos. On parle d’hélico qui sont arrivés après l’attaque et qui ont survolé et sont répartis. Courrier confidentiel annonce meme que l’helico s’est vite retrouvé à court de jus, un témoin dit que les véhicules militaires ont fui laissé les populations. C’est quoi cette Armée qui devient finalement la risée du monde?
Après tout ça c’est trop facile de venir nous parler de « complicités internes malheureuses ». S’il y a eu des complicités internes comme vous le proclamez, ça tombe bien, allons pour l’enquête sur le drame. Gaskindé doit faire l’objet d’un rapport d’enquête. Il faut se rendre compte que Gaskindé est tout au moins aussi dramatique (sinon plus) que Inata. Et tirant leçon de Inata, ce serait se rendre soit même complice du drame que de vouloir confier l’enquête de Gaskindé à l’Armée. Personne ne peut être juge et partie. Cette Armée qui n’est même pas capable de nous produire un bon communiqué sur les évènements de Gaskindé, 72h après les faits, comment on peut lui demander un rapport d’enquête ?
Je l’avais déjà demandé dans l’affaire d’Inata. Ce qu’il faut pour éclairer le drame de Gaskindé, c’est une Commission d’enquête indépendante (CEI). Sans une commission d’enquête indépendante (composée de militaires en service, de personnalités civiles et militaires indépendantes, d’experts dans diverses disciplines, d’hommes et de femmes d’honneurs, etc.), Gaskindé ne sera qu’un autre Inata, c’est à dire un drame qui programme un autre.
Car à la vérité aucune aucune leçon, aucun enseignement n’a été tiré du drame de Inata. Tout ce que Inata nous a donné, c’est le coup d’Etat du 24 janvier. Le coup d’Etat est l’unique « bénéfice » du drame de Inata et le MPSR lui même est devenu un drame.