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21 novembre 2024

Contrôle des camions hors gabarit au Burkina Faso: Les transporteurs aux aguets

Contrôle des camions hors gabarit au Burkina Faso

-Sensibilisation en amont de sanctions contre les contrevenants 

-Les transporteurs aux aguets

 Le ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière a fait en Conseil des ministres, le 12 juillet 2023, une communication relative à la lutte contre les transformations anarchiques et la circulation des véhicules poids lourds hors normes de transport de marchandises et de voyageurs au Burkina Faso. Une information dont certains transporteurs disent être surpris parce qu’ils pensaient que cela n’était plus d’actualité. Pour d’autres, ils attendent toujours les mesures qui seront prises dans le cadre de cette opération pour voir la conduite à tenir.

Dans le cadre de la lutte contre les transformations anarchiques des véhicules et la circulation des poids lourds hors normes de transport de marchandises et de voyageurs au Burkina Faso, le ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière a présenté, lors d’une réunion du Conseil des ministres le 12 juillet 2023, un plan visant à renforcer la conformité à la législation en matière de gabarit et de surcharge.

Dans cette démarche, une série d’actions de sensibilisation sera organisée à l’intention des populations et des acteurs du transport routier, afin de les sensibiliser sur l’importance de se conformer strictement aux normes définies. Il sera également prévu la formation des agents des forces de contrôle pour qu’ils puissent mieux connaître et authentifier les titres de transport.

Une fois ces actions de sensibilisation et de formation terminées, des sanctions seront appliquées de manière stricte aux contrevenants. L’objectif est de promouvoir une culture du respect des règles de sécurité routière et de dissuader toute pratique non conforme aux normes établies.

Cette initiative démontre la volonté du gouvernement burkinabè de renforcer la sécurité routière et de garantir la fluidité du trafic en empêchant les dérives liées aux véhicules hors normes.

Oumar Ouédraogo, vice-président du SYNACTIV-BF

Oumar Ouédraogo, vice-président du Syndicat national des Commerçants et Transporteurs contre l’Implantation de la Vie chère au Burkina Faso (SYNACTIV-BF), ainsi que ses pairs, ont été totalement surpris par la communication faite lors du dernier conseil des ministres. Ils attendent désormais avec impatience les prochaines étapes afin de déterminer la conduite à adopter, car il est indéniable que cette situation les dépasse.

« Nous avons été complètement pris au dépourvu par cette situation. Imaginer un instant quelqu’un qui contracte un prêt auprès d’une banque pour réaliser ces travaux. Comment ce dernier va-t-il procéder pour revoir les gabarits de ses camions et, par la suite, parvenir à rentabiliser ses activités afin de faire face à ses engagements financiers ? », explique-t-il, avec inquiétude.

Selon le vice-président du SYNACTIV-BF, il y a un autre aspect à prendre en considération dans cette affaire des camions hors gabarit au Burkina Faso. Les transporteurs ne sont pas les seuls responsables, car des camions en provenance des pays voisins sont également modifiés. Pour Oumar Ouédraogo,  cette situation pose du même coup la question des camions étrangers transformés, si toutefois eux (les transporteurs burkinabè) doivent subir la loi de redimensionnement de leur véhicule. Il convient de noter que, sans citer un pays dit-il, certains d’entre eux ont des camions qui ne respectent pas les normes, mais transitent par le territoire burkinabè.

Dans cette foulée certains transporteurs ont expliqué qu’il y a des camions des pays voisins qui servent le Burkina Faso de format 10T avec 9 essieux et sans articulation. « Imaginez un instant comment ce camion va circuler dans les rues de Ouagadougou », s’exclament l’un d’entre eux.

Face à cette complexité, Oumar Ouédraogo indique ne pas agir avec précipitation, mais plutôt attendre les décisions des autorités compétentes. Le vice-président du SYNACTIV-BF souligne qu’il est essentiel de ne pas « mettre la charrue avant les bœufs ».

En répondant à la question concernant la signification de « hors gabarit », Oumar explique qu’au Burkina Faso, un camion est considéré hors gabarit dès que ses dimensions dépassent ne seraient-ce qu’un mètre. Cette situation pose problème, notamment pour les conteneurs en provenance d’Europe et d’Asie, qui ont aujourd’hui une taille standard de 45 pieds. Les camions aux dimensions normales de 12,5 mètres ne peuvent pas transporter ces conteneurs sans dépasser d’au moins 1,5 mètre. Cela entraînera un déséquilibre potentiel du camion et augmentera les risques d’accidents. Il est donc absolutoire de trouver des solutions appropriées pour faire face à ce défi des camions hors gabarit.

« Permettez-moi de vous donner un exemple. Lorsque nous partons au Ghana avec les mêmes camions pour transporter des marchandises, nous ne rencontrons aucun problème à ce moment-là. Cependant, c’est au retour dans notre pays que nous sommes confrontés à de multiples difficultés. N’est-ce pas paradoxal ? Je suis convaincu qu’il ne devrait pas être ainsi. Bien sûr, il est important de ne pas mélanger les différentes situations, mais nous traversons actuellement une crise qui affecte tout le monde et entraîne une augmentation du coût de la vie. Dans cette situation, nous pensons que les autorités doivent nous apporter leur soutien pour éviter une dégradation des conditions de vie dans notre pays. Il est important de noter que tous les camions concernés par cette situation transportent principalement des aliments des pays portuaires vers le Burkina. En réalité, notre travail vise à lutter contre la vie chère en rendant ces produits alimentaires plus accessibles. Nous souhaitons sincèrement que les autorités collaborent avec nous pour trouver une solution, car l’intérêt général est en jeu. Il est essentiel que nous travaillions ensemble pour assurer le bien-être de tous », a-t-il renchéri.

Souleymane Zoungrana, transporteur

Souleymane Zoungrana, transporteur résident à Ouagadougou, se dit aussi surpris que tous les autres transporteurs de cette information. Lorsqu’il a appris la nouvelle, il a rapidement pris contact avec des responsables syndicaux qui lui ont affirmé qu’ils n’avaient pas été associés ni de près ni de loin à cette décision pour le moment.

« Nous préférons éviter de nous aventurer sur ce terrain, car nous ne savons pas tous les tenants et aboutissants, mais nous estimons qu’il aurait été préférable que nous, en tant que transporteurs, soyons consultés en amont pour éviter certaines situations », a-t-il a déclaré.

De plus, Souleymane Zoungrana explique que l’idée de transformer les camions n’est pas venue des Burkinabè eux-mêmes ; elle a été proposée par des techniciens provenant de pays portuaires. Il y a eu des moments où ils ont rencontré des problèmes pour acheminer les marchandises jusqu’au pays, et c’était la solution pour y pallier.

Soueleymane a d’ailleurs insisté sur l’importance aujourd’hui d’une franche collaboration avec les acteurs locaux, notamment les transporteurs, pour trouver des solutions adaptées aux défis rencontrés sur le terrain. Une approche plus concertée aurait permis d’éviter des malentendus et aurait pu conduire à des solutions mieux adaptées aux réalités du transport au Burkina Faso.

« Il y a une vérité qui se cache derrière cette affaire, mais dont on n’ose pas parler ouvertement. Ces derniers temps, dans le secteur du transport, tout a connu une flambée des prix. Les dépenses ont littéralement triplé. Que ce soit le coût du gasoil ou les taxes, tout a augmenté, même dans les pays portuaires. C’est devenu si inquiétant que je crois sincèrement qu’aucun camion dans ce pays n’a pu échapper à ce phénomène des modifications des camions. Cette situation affecte tous les transporteurs, y compris nous. La raison de ces modifications n’est pas seulement de pouvoir circuler dans nos villes, mais surtout de pouvoir transporter des marchandises depuis les pays portuaires vers les pays de l’inter-land », a confié Souleymane Zoungrana.

Aziz Kagambèga Transporteur

Les inquiétudes d’Aziz Kagambèga résonnent de la même manière. « Nous avons bien pris connaissance de cette nouvelle, mais nous nous demandons encore comment cela va se concrétiser, car le problème réside dans le fait que les camions hors gabarits se trouvent un peu partout dans nos pays », a-t-il fait savoir.

Aziz rapporte également que ces mêmes camions, en provenance des pays portuaires traversent le Burkina Faso e, transit. Dans des pays comme le Ghana et le Mali, les camions hors gabarits ne reflètent plus le problème, c’est pourquoi les transporteurs burkinabè sont contraints de les utiliser sous peine de disparaître du marché.

En expliquant cela, Aziz Kagambèga souligne que si les transporteurs burkinabè doivent réduire la longueur de leurs camions, cela entraînera des coûts équivalents à ceux de deux conteneurs, alors qu’auparavant, un seul suffisait. « Cela ne risque-t-il pas d’avoir un impact sur le coût des produits sur nos marchés ? », s’est-il interrogé. En outre, il invite se pencher sur les infrastructures routières, car les routes ne sont pas adaptées à l’évolution du monde du transport.  Aziz Kagambèga assure qu’il y a des routes dans «  ce pays où les camions de gabarits normaux ne peuvent plus circuler ».

By Ib_Z

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