Présent au panel sur la paix, le dimanche 6 mars 2022, à Ouagadougou organisé par l’Association pour la promotion de la démocratie et la participation citoyenne (APDC en collaboration avec le Cadre de concertation nationale des organisations de la société civile (CCNOSC) comme communicateur, l’ancien président de la CENI et journaliste, Newton Ahmed Barry a expliqué la genèse du terrorisme au Burkina Faso travers la pensée de Sun Wu, célèbre et grand stratège militaire chinois.
« A l’occasion d’une guerre : si vous connaissez votre ennemi et vous vous connaissez, vous allez remporter toutes les batailles que vous aller engager. Si vous connaissez votre ennemi, mais vous ne vous connaissez pas, vous aller perdre une bataille sur deux. Par contre si vous ne connaissez pas l’ennemi et vous ne vous connaissez pas vous allez perdre toutes les batailles que vous aller engager », a -t-il expliqué.
Revenant sur le contexte burkinabè, le paneliste s’est interrogé en ces termes : « Est-ce que nous connaissons l’ennemi ? Est-ce que nous nous connaissons ? »
« Quand on regarde la configuration dans laquelle nous sommes aujourd’hui, depuis 2015 que notre pays a mis le pied dans la spirale terroriste, la réponse qui paraît la plus évidente mais qui n’est pas bonne à entendre, c’est que non seulement on ne connaît pas l’ennemi mais nous-mêmes, on ne se connaît pas. Tant que ce problème crucial de la bonne connaissance de l’ennemi et de soi-même ne sera pas résolu, les actions entreprises contre l’hydre terroriste seront semblables à de la “navigation à vue” avec très peu de résultats sur le terrain », a-t-il fait savoir.
L’ancien président de la CENI explique que lorsqu’on jette un regard dans le rétroviseur, on se rend compte que depuis 2015, on a l’impression de façon nette que les terroristes savent où exactement ils veulent nous emmener ; ils savent quels sont les moyens et les méthodes à mettre en place pour déstabiliser progressivement mais méthodiquement notre société.
« Le terroriste est un individu qui n’a pas de père, ni d’ethnie… »
Selon le journaliste Newton Ahmed Barry, le terroriste est un individu qui n’a pas de père, ni d’ethnie ni même de village encore moins de pays. Parce que les premières apparitions réelles du phénomène djihadiste et terroriste dans la province du Soum, dans un processus de détricotage et de déstabilisation du pays, ont pris naissance dans les familles.
Le paneliste renchérira ses propos en ces termes : « certains terroristes sont venus tuer leur propre père qu’ils ne considéraient pas comme suffisamment musulmans à leurs yeux. Quand on tue le chef de la famille, cela veut dire qu’on a disloqué la famille. Donc ils se sont attaqués d’abord à la première cellule de base de toute société. Au niveau du village, ils ont tué le chef, les imams et toutes les personnes ressources notamment des conseillers municipaux. Ce qui a progressivement déstructuré également les villages ».
Dans son intervention l’homme de media va jusqu’à caricaturer l’avenir du Burkina Faso à travers un proverbe peulh qui dit : « Si tu veux savoir à quoi va ressembler ta belle épouse qui a trente ans, dans les vingt prochaines années, regarde sa mère qui a la cinquantaine passée ».
A cet effet, il a fait savoir qu’il n’y a rien de linéaire dans la vie et la comparaison n’est pas raison ; mais si on veut savoir ce que le Burkina sera dans une décennie, maintenant qu’il a mis pieds dans la spirale déstabilisatrice terroriste, il nous suffit de regarder le parcours du Mali. Voilà pourquoi, Newton Ahmed Barry a lancé un appel à l’ensemble des chefs coutumiers et religieux face à la menace imminente pour qu’ensemble ils puissent se donner la main pour parler un même langage afin d’éviter le chaos.