Dernières Nouvelles
23 novembre 2024

Bobo Dioulasso : la naissance d’une industrie burkinabè

Quand le train siffla à Bobo en 1932, la ville de Bobo Dioulasso était déjà une ville commerciale assez importante. Ville carrefour et stratégique, elle était le lieu où se regroupaient les commerçants venus du de la Côte d’Ivoire, du Soudan Français (actuel Mali) et de la Guinée notamment de la région de Kankan, les colporteurs mossi venu du centre de la Haute Volta et surtout de commerçants haoussa /djerma venus du Niger. S’échangeaient pêlemêle du coton, du bétail, de l’indigo, du sel, de la cola, du tabac et des produits manufacturés venus des régions côtières (Côte d’Ivoire et Gold Coast, Ghana actuel). Ce dynamisme économique attira beaucoup de monde notamment d’industriels français qui décidèrent d’installer les premières unités industrielles afin de profiter de l’abondance des matières premières sur place et surtout d’une population apte à consommer des produits manufacturés. Bobo Dioulasso était considérée comme un port « sec » (expression d’aujourd’hui) pour l’arrière-colonie et les colonies françaises environnantes.

Au nombre des premières industries installées à Bobo, on peut compter la Compagnie de l’Industrie Textile et Cotonnière en Afrique (CITEC). Elle deviendra plus tard la Société d’Huilerie et de Savonnerie de Haute Volta (SHSHV) en 1967 après la nationalisation avant de devenir SN CITEC que nous connaissons aujourd’hui avec le Groupe Géo Coton. Elle fut implantée en 1941 dans la nouvelle zone industrielle créée (qui n’a pas connu un grand succès) à l’actuel secteur 5 annexe au quartier Koko. Cette unité industrielle produisait de l’huile d’arachide, de coton, du beurre de karité et du savon de ménage et de toilette (LUX et VELUX). Ce comptoir industriel et commercial a été établi en remplacement du premier qui se situait le long des chemins de fer le long de la gare ferroviaire (à l’Ouest du quartier Diarradougou). Aucune unité industrielle n’avait été implantée là. Juste quelques entrepôts de stockage de produits primaires à l’export. Pour accompagner la production importante de coton, la Compagnie Française pour le Développement des fibres Textiles fut érigée (CFDT actuel SOFITEX, Société des Fils et textiles). Elle faisait essentiellement de l’égrenage de coton et les fibres textiles étaient acheminées par les rails sur la Côte d’Ivoire..

L’actuelle zone industrielle de Bobo a été créée en 1954. A l’indépendance, la Brasserie de la Haute Volta (BRAVOLTA aujourd’hui BRAKINA) fut implantée en 1962. Elle produisait de la bière et des boissons gazeuses. Une autre unité la Société Industrielle de Bobo (SIB) produisait des tôles ondulées aussi en 1962. Une unité de fabrique de chaussures en plastique VOLTA Plastic fut créée en 1963. 1964 vit la création l’Industrie Voltaïque de Cycles (IVOLCY devenue SIFA avant de fermer les portes en 2009). La Manufacture voltaïque de Cigarettes (MAVOCIG devenue MABUCIG fut installée en 1967.)

Dans les années 1970, plusieurs nouvelles unités s’installèrent, nous avons la SACOF (confiserie), la SOGEFIA (charpentes métalliques et matériel agricole, 1979), la SOVICA (charrettes, charrue, citernes, en 1977) , la CBTM (Compagnie Burkinabé de Transformation des Métaux ; transformation aluminium, tôle en 1973), la PROFIMETAUX (tôle ondulée en 1973) qui deviendra plus tard METAL BURKINA avant de fusionner pour donner CBTM/METAL BURKINA. La SODIPIL qui donnera SOFAPIL avec l’emblématique Pile WINNER. La SAP (Société Africaine de Pneumatiques en 1972), la COVEMI (Compagnie Villageoise D’exploitation Minière – Ciment, chaux, plâtre, carreaux et granites, en 1976). SOAF (Société Ouest Africaine de Fonderie). Cette filière à dominer l’industrie à Bobo avant d’être coiffée par l’agroalimentaire et le coton textile.

La fin des années 1970 et le début des années 1980 furent aussi une période faste marquée par l’arrivée dans l’activité industrielle d’opérateurs nationaux. S’implantèrent la SOFIB (huilerie et savonnerie en 1983), la SOMOUSS (Mousses et matelas, en 1980) la SONACEB (cartons et emballage en 1987), la SAVANA (jus et purée de tomate en 1984). SAPHYTO (Société Africaine de Produits Phytosanitaires et D’insecticide 1991).

Suivront les années 2000 avec FILSAH la Filature du Sahel 2001 dans la transformation du coton. La JOSSIRA fermée en 2008 et reprise par EBOMAF attend toujours de relancer ses activités. CIMASSO ciment ; Ciment de l’Afrique CIMAF ; AFRIDIA 2021 jus de fruit, SBCI 2021 minoterie à DARSALAMY ; la Savonnerie et Parfumerie du Houet la SONACOF confiserie, SOFACI avec le savon en poudre BARIKA TIGI ; etc.

Bobo Dioulasso continue malgré les difficultés économiques continue toujours d’attirer de nombreux investisseurs. Le Groupement Professionnel des Industriels du Burkina, qui est la structure faitière des industriels continuent d’être animé par les grosses industries installées à Bobo. Ce n’est donc pas une surprise si c’est un fils émérite de Sikasso Cira le grand frère Mamady Sanoh qui anime ce groupement en sa qualité de Président. Nous fondons l’espoir que son dynamisme et sa grande maitrise des dossiers techniques dans le domaine de l’industrie ouvriront de lendemains meilleurs pour un secteur industriel bobolais en pleine renaissance.

Avant le grand frère Sanoh Mamady, des éminentes personnalités de la ville de Bobo Dioulasso ont porté haut le flambeau de l’industrie à Bobo. Il s’agit de nos Papas Barro Djinguinaba (promoteur de nombreuses unités industrielles, SOMOUSS, SOFIB, etc), Soré Lazare (SAP), Kima Dénis (Profimetaux, paix à son âme), Kam Olé Hugues (DG de la SIFA). Tous ont été Président du Groupement professionnel des Industriels du Burkina.

Je ne saurais terminer sans évoquer le nom l’éminent fils de Bobo Dioulasso, le grand frère M Diawara Lanciné, PCA de nombreuses unités industrielles à Bobo. Dans sa discrétion légendaire, il est à l’origine de la création et de la promotion de beaucoup d’unités industrielles à Bobo (MABUCIG, SAPHYTO, etc).

Nous fondons l’espoir que la jeune génération des hommes d’affaires de Bobo ira au-delà des succès que leurs ainés ont réalisés pour le bonheur de tous les Burkinabè.

Salifou TIEMTORE , Personne ressource BAA.

By Ib_Z

Articles du même genre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *