Depuis plusieurs mois, les transporteurs burkinabè ont engagé un bras de fer contre l’ONASER. La cause, ils sont mécontents du traitement que l’on leur réserve au Burkina. A cet effet, ils ont expliqué qu’ils vont dans certains de l’UEMOA pour charger leurs marchandises et sont mieux traités dans ces pays que dans leurs propres pays. Par exemple au Togo, ils sont autorisés à charger jusqu’à 64t pendant qu’au Burkina, il leur est autorisé 55t. Et le surplus de poids, l’ONASER impose des pénalités selon le gabarit du véhicule. Ainsi pour dénoncer cet état de fait, les jeunes patriotes pour la paix (JPP) ont organisé une conférence le jeudi 24 mars 2022 à Ouagadougou. Aussi dans la même veine, Oumar Ouédradogo, vice-président du syndicat national des commerçants et transporteurs burkinabè contre l’implantation de la vie chère (Synactiv-BF) a tiré à boulets rouges contre Afrique pesage qui par ses pratiques participent au renchérissement des produits de première nécessité.
Depuis un moment, on assiste à l’augmentation des produits de première nécessité au Burkina Faso. Si pour beaucoup l’insécurité y est pour quelque chose, d’autres pointent du doigt, les pratiques peu orthodoxes des autorités notamment le ministère en charge des transports à travers l’ONASER. Ils soutiennent que le règlement 14 n’est pas respecté dans les pays de l’UEMOA notamment au Burkina.
Ainsi, en début d’année 2022, les petits commerçants de Ouagadougou, de Bobo, et de Ouahigouya s’étaient indignés des pratiques qu’ils subissaient sur les routes burkinabè. Ils soutenaient que la charge maximale qui autorisée au Togo est de 64 tonnes, pendant que c’est 55 tonnes au Burkina. Et la différence des 9 tonnes est frappée de pénalités selon le véhicule sur le territoire burkinabè. Pour preuve, ont-ils fait savoir, un camion 10 tonnes, les transporteurs doivent payer 250 000FCFA, pendant que la remorque, paie 500 000 FCFA. Et la somme perçue par l’ONASER n’a pas souvent de traçabilité, car des reçus ne leur sont pas remis après la pénalité reçue.
Pour les commerçants, c’est de l’escroquerie voire de la corruption. C’est pourquoi ils souhaitent l’harmonisation du tonnage des marchandises dans les différents pays de l’UEMOA afin de permettre aux transporteurs burkinabè de ne plus souffrir sur les routes. Ce sont les consommateurs qui sortent perdant, car, il y aura un renchérissement des prix des produits de première nécessité. Ils souhaitent aussi l’application du R14 pour permettre aux transporteurs de voir le bout du tunnel. C’est pourquoi, les jeunes patriotes pour la paix (JPP) soutenant la cause des petits commerçants avait dénoncé cette manière de faire de l’ONASER qui frise la corruption. Selon son premier responsable Rahouf Pafadnam : « cette habitude de certains agents de l’ONASER est perçue sous forme de rackets par les transporteurs qui dénoncent la problématique à chaque fois qu’ils ont une opportunité ». Il a souhaité que les nouvelles autorités règlent le problème au plus vite.
Si les jeunes patriotes pointent du doigts l’ONASER, il n’en autre pour le Synactiv-BF. En effet, pour Oumar Ouédraogo, vice-président dans une sortie dans le journal « Le Quotidien » a indiqué que l’augmentation des prix des denrées alimentaires au Burkina Faso est due aux agissements d’Afrique pesage, car les camions sur les routes ne chargent plus beaucoup. A l’en croire, par exemple, « si tu charges 60t dans un camion, tu as les mêmes dépenses lorsque tu charges 40t ».
C’est pourquoi pour lui, « si on pouvait avoir une révision au niveau d’Afrique pesage, cela allait être très bien. Les autres pays qui ont plus de moyens que nous, n’exagèrent pas au niveau du pont-bascule. Quand on charge les marchandises au Ghana, le véhicule chargé va rouler tranquillement et ne dépenseras rien. Il n’aura pas de problème sur la route. Mais c’est arrivé sur le territoire burkinabè, qu’il payera au moins entre 600 000 FCFA et 2 000 000 FCFA voir plus de pénalités pour venir décharger sa marchandise. Si un camion paye à Afrique pesage entre 2 500 000 FCFA à 3 000 000 FCFA, pour 60t, sur une tonne, c’est environ 50 000 FCFA qui vont s’ajouter. Un commerçant ne peut payer une telle somme à Afrique pesage et ne pas renchérir à son tour sur les autres produits. Forcément il va ajouter quelque chose sur les produits pour pouvoir s’en sortir », s’est-il indigné.
Continuant son explication, le vice-président du Synactiv-BF a laissé entendre que « le Burkina Faso est un pays de réception ou de transit de produits alimentaires. Lorsque nous chargeons dans les autres pays, nous n’avons pas de problème. On vous laisse tranquillement pour que vous rouliez venir vendre sur le marché burkinabè. Et c’est chez vous qu’on vous inflige des pénalités. Je pense que ce n’est pas une bonne solution. Je pense qu’un camion qui quitte avec sa marchandise au Ghana, à Lomé, en Côte d’Ivoire pour venir au Burkina, s’il n’a pas payé des pénalités dans ces pays, que dans son propre pays, qu’on le laisse tranquille aussi. Je pense que cela aussi permettra de diminuer les flambées des prix sur le marché. Avec le changement d’autorités, nous avons adressé une lettre au ministre des Transports pour une audience ainsi qu’à celui du commerce. Nous n’avons pas encore eu le retour pour les rencontrer afin de leur exposer nos préoccupations et solutions ».
La solutions du Synactiv-BF
Il a fait savoir que les solutions ne manquent pas. « Nous avons nos solutions que nous allons leur soumettre. Nous constatons que la plupart de nos produits de consommations proviennent du Togo, du Ghana, de la Côte d’Ivoire notamment en riz et farine. Aussi, ceux qui envoient les marchandises par train, n’ont pas de problèmes, c’est surtout ceux qui le font par la route qui en souffrent. Pourtant le Burkina ne peut pas acheminer toutes ses marchandises par train. De nos jours, il y a beaucoup de commerçants qui ont leurs marchandises qui sont bloqués à Abidjan, car il n’y a pas de camion pour les convoyer. C’était donc le train qui convoyait ces marchandises, car à ce niveau, il n’y a pas un problème de poids. Ainsi tout le monde est parti vers ce moyen. Ce qui a fait que le train n’arrive pas à convoyer toutes ces marchandises. A cause de cela, il y a des commerçants qui payent les surestaries. Et ces surestaries, il faut le dire sans ambages, ce sont les populations burkinabè qui vont payer, parce que les commerçants ne vont pas accepter payer les surestaries et venir vendre leurs marchandises sans appliquer cela sur les prix des produits ». Il espère comme ses prédécesseurs qu’une solution idoine sera trouvée.
Par Ibrahim Ouédraogo
Les transporteurs disent souffrir sur les routes burkinabè