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23 novembre 2024

Oumou Sangaré :« au Mali, la démocratie ne nous a menés nulle part »

Ambassadrice de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, la diva du Wassoulou s’inquiète de l’instabilité qui mine son pays. Mais elle condamne les sanctions de la CEDEAO contre la junte au pouvoir.

Quel regard portez-vous sur la crise politique et sécuritaire que le Mali traverse ?

Oumou Sangaré : Je suis inquiète. Pour moi, la plus grande crise est identitaire. Nous nous éloignons de nos traditions, de notre culture, de notre grandeur. Nous sommes influencés par des puissances et des cultures étrangères qui nous ont été imposées. Conséquence, on s’éloigne de nous-mêmes. Nous ne savons plus qui nous sommes.

Les sanctions imposées par la CEDEAO après les deux coups d’État menés par le colonel Assimi Goita vous semblent-elles justifiées ?

Justifiées ou non, je les condamne. L’embargo économique fragilise les plus démunis. Le peuple malien ne mérite pas cela. Ce n’est pas juste. La CEDEAO doit agir quand un pays a besoin d’être accompagné, pas pour l’étouffer davantage. Cette organisation sous régionale est là pour protéger les chefs d’État, mais certainement pas le peuple, alors que c’est lui qu’il faut écouter. C’est un système désolant.

La prise du pouvoir par les militaires ne marque-t-elle pas un retour en arrière démocratique ?

Cela fait plus de vingt ans que nous sommes en démocratie, cela ne marche pas. Le système politique que nous avons expérimenté jusque-là ne nous a menés nulle part. C’est au peuple de prendre réellement son destin en main, de se réveiller, comme il le fait actuellement en disant non à ces dirigeants corrompus. Nous les avons assez vus. Nous avons aussi vu leurs limites. Je n’aime pas aller sur le terrain politique, car tout y est faux. Mais j’estime que rester sous ce régime, c’était se condamner.

En tant qu’artiste internationale, vous êtes notamment amenée à vous produire sur les scènes de France. La dégradation des relations entre les deux pays vous affecte-t-elle ?

On arrive aujourd’hui à des situations absurdes. Pour arriver jusqu’à Paris et rencontrer la presse, j’ai dû passer par Istanbul. Voilà les conséquences de cette guerre inutile, qui prive la population de ses droits fondamentaux, à commencer par la libre circulation.

By Ib_Z

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