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23 novembre 2024

Voici l’impact des pays de l’AES sur le trafic en transit du port de Lomé

Plus de 92%, c’est le volume du trafic en transit traité que représente pour le Port de Lomé en 2022, le trio formant l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Burkina Faso, le Niger et le Mali, indiquent des données officielles compilées par Togo First.

Selon les données compilées par Togo First à partir de sources officielles, les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) le Burkina Faso, le Niger et le Mali représentent ensemble plus de 92 % du volume de transit traité par le port de Lomé en 2022. Une augmentation constante est observée depuis 2019, période durant laquelle la plateforme portuaire togolaise, principal hub maritime d’Afrique de l’Ouest, est devenue un carrefour commercial majeur pour la région du Sahel. 

Le Burkina Faso détient la part la plus significative, avec 80,48 % du trafic en transit du port. Le Niger suit avec 7,63 %. Le Mali représente 4,55 % du trafic, ce qui montre également une tendance à la hausse.

Selon les informations fournies par Edem Tengue, ministre de l’Économie maritime togolais, l’année 2023 s’inscrit dans la continuité de cette tendance haussière observée depuis 2019, année où les pays de l’AES ont franchi le seuil des 90 % dans les activités de transit du port.

Burkina, locomotive du Port de Lomé, légère baisse pour le Niger sur 9 ans

Les performances et les progressions varient d’un pays à l’autre. Depuis 2013, le volume de transit de marchandises en partance pour le Burkina Faso via le port de Lomé a montré une tendance à la hausse, avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 15,39%. Sur cette période de 9 ans, le volume de transit a suivi une trajectoire ascendante, passant de 849 716 tonnes en 2013 à 3 081 050 tonnes en 2022.

Le volume à destination du Mali a également connu une croissance, passant de 93 927 tonnes en 2013 à 119 291 tonnes en 2014. Malgré une baisse en 2015 à 80 140 tonnes, les volumes ont par la suite fluctué, avec une tendance générale à la hausse, pour atteindre 174 203 tonnes en 2022.

En revanche, le transit de marchandises à destination du Niger via le port de Lomé a connu une légère baisse annuelle moyenne (TCAM : -0,98%) selon les calculs de Togo First. Sur cette période de 9 ans, le transit a affiché une trajectoire fluctuante, passant de 319 367 tonnes en 2013 à un pic de 516 346 tonnes en 2014, avant de connaître des variations, pour finalement s’établir à 292 301 tonnes en 2022, une baisse de plus de 8%.

Cette évolution, les experts du secteur l’attribuent aux efforts du gouvernement togolais qui ont consisté à améliorer l’infrastructure logistique et renforcer la coopération en matière de politique douanière et commerciale avec ces États. Et déjà premier port en matière de transbordement dans la sous-région, Lomé pourrait encore consolider sa position sur le segment du transit. Plusieurs analystes anticipent que les tensions dans la sous-région et les sanctions imposées par la CEDEAO aux pays du Sahel, notamment le Mali et le Burkina Faso, pourraient fortement influencer le transit dans les années à venir.

« L’importance stratégique du port de Lomé pour les pays de l’AES est évidente. Servant de conduit indispensable à leurs exportations et importations, le port est maintenant plus qu’un simple point de transit. Il est devenu une artère vitale reliant ces économies au marché mondial, un outil de géopolitique. Avec les récents événements dans la sous-région, son rôle devrait se renforcer, » nous confie un économiste togolais, ajoutant que « la position pacifique de la diplomatie togolaise dans la série de crises qui a touché le Sahel, en tant que médiateur entre les différents blocs, positionne Lomé et son port comme des acteurs sur qui compter, tant sur le plan politique qu’international ou commercial, à l’avenir. »

Et Lomé compte saisir la balle au bond. En tant que principale façade maritime pour le Burkina, les autorités togolaises se sont engagées dans une offensive commerciale pour capter une part de marché plus importante face à Cotonou, qui attire une part significative des volumes en direction de Niamey. Cette offensive, qui ne date pas d’hier, s’est intensifiée ces dernières semaines et se manifeste par plusieurs visites de prospection, le renforcement des chambres de commerce, ou des mesures incitatives en faveur des opérateurs sahéliens, etc.

Lors d’une visite de travail au Togo mi-février, le Colonel-major Salissou Mahamane Salissou, ministre des Transports et de l’Équipement du Niger, a exprimé sa gratitude envers « la République sœur du Togo » pour son soutien significatif. « Grâce au Togo, depuis le 26 juillet, la population nigérienne continue à être approvisionnée, » a-t-il déclaré à l’issue de sa rencontre avec Edem Kokou Tengue, ministre de l’Économie maritime togolaise.

Dans un tour de vis commercial, le fisc togolais a récemment ajusté les incitations fiscales accordées aux marchandises transitant par Lomé en direction de ces trois pays. L’Office togolais des recettes (OTR) a, par une note, précisé que seules les marchandises déchargées sur sa plateforme portuaire devraient bénéficier de la suspension de la redevance statistique, une taxe suspendue pour toutes les marchandises à destination de ces pays depuis 1975, année de création de la CEDEAO. Cette mesure abondamment commentée dans le milieu des affaires, symbolise désormais cette offensive commerciale subtile, alors même que le Sahel est plus que jamais favorable au Togo, disposé depuis que Faure Gnassingbé a adopté une position moins tranchée vis-à-vis des changements politiques dans la région.

Toutefois, pour que les volumes nigériens, qui ont évolué en dents de scie ces dernières années, répondent aux attentes des autorités togolaises, Lomé doit redoubler d’efforts pour rester compétitif pour les opérateurs, avec notamment l’accélération de certains chantiers tels que la rénovation de la Nationale 1. D’après des opérateurs utilisant le corridor Cotonou-Niamey, la route Lomé-Ouaga-Niamey, qui rallonge le trajet de 200 km supplémentaires est soumise à des menaces sécuritaires, reste encore généralement plus coûteuse. « Un certain nombre de préoccupations ont été soulevées par les opérateurs économiques à travers la Chambre de Commerce, notamment en ce qui concerne la sécurité et le traitement à certains niveaux du corridor, » avait mentionné le ministre nigérien à l’issue de sa rencontre avec Edem Tengue, le mois dernier. 

Un appel du pied auquel le ministre togolais de l’Economie maritime s’est montré réceptif, en indiquant qu’un nouveau chapitre de coopération maritime s’ouvre entre le Togo et le Niger lors d’une autre visite des autorités nigériennes. 

Pour le ministre, l’objectif est désormais de faire en sorte que “les échanges commerciaux entre ces deux pays soient à l’échelle de l’économie, les plus fluides possibles et permettent un approvisionnement du marché nigérien ainsi que les exportations ou l’écoulement des produits fabriqués au Niger pour permettre justement à l’économie de nos deux pays de bien fonctionner.”

Mais la bataille s’annonce rude, car depuis la levée des sanctions, Cotonou, de son côté, a multiplié les assouplissements de frais au profit des opérateurs nigériens pour rester dans la compétition

By Ib_Z

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