Le 5 mai 2021, lors d’une session du Conseil des ministres, l’approbation a été donnée pour la désignation de Rachid Madany Joseph Barry comme Consul honoraire du Burkina Faso à Houston, aux États-Unis d’Amérique. Il a désormais pris fonctions en tant que de Consul Honoraire du Burkina Faso à Houston, avec compétence sur l’État du Texas, au cours d’une cérémonie tenue le vendredi 17 février 2023 à la mairie de ladite ville. Dans ce nouveau rôle, Rachid Madany Joseph Barry qui était autrefois le représentant des délégués CSBE des Etats-Unis, du Canada et du Brésil, a la responsabilité de faire rayonner le drapeau burkinabè à l’autre bout du monde. Lors de sa dernière visite au Burkina Faso, nous avons eu l’opportunité de discuter avec lui. Au cours de nos échanges avec le Consul honoraire Barry, nous avons évoqué les défis qui accompagnent sa nouvelle mission au Texas, tout en évoquant le contexte de crise sécuritaire au Burkina Faso.
Quels sont les rôles du Consul honoraire ?
Le rôle du Consul honoraire est avant tout de représenter l’État burkinabè au sein de cette région des États-Unis et de travailler en vue de promouvoir les intérêts du Burkina Faso. Ensuite, il s’agit de favoriser le développement des échanges économiques entre les nations ainsi que les interactions entre les deux peuples. Une partie significative du travail consiste à faciliter les démarches administratives liées à la délivrance des actes consulaires, ce qui est crucial pour la communauté. Par-dessus tout, le Consul honoraire a pour mission de défendre les intérêts de la communauté burkinabè tout en agissant en tant que représentant des intérêts du Burkina Faso dans cette région.
Avant d’être nommé consul honoraire, dans quel domaine avez-vous évolué ?
Il convient de noter que la plupart des consuls honoraires ont une expérience préalable en tant qu’hommes d’affaires. Pour ma part, j’ai évolué dans le domaine de la fiscalité et de la mobilisation des capitaux pour le bénéfice de l’Afrique. Mon parcours est essentiellement celui d’un entrepreneur, avec une expérience d’au moins une décennie dans cette sphère. En parallèle, je suis également impliqué dans des activités communautaires. J’ai eu l’honneur de servir trois mandats en tant que président des Burkinabè de Houston, ainsi que délégué auprès du CSBE et représentant des délégués CSBE pour la zone Amérique. C’est aussi ce qui a milité à ce que je sois choisi pour représenter le Burkina Faso dans cette zone du monde.
Si vous avez été nommé consul honoraire de cette zone c’est parce qu’il y a des Burkinabè qui y vivent. Dites-nous combien de Burkinabè compte l’Etat du Texas ?
Je dois actuellement dire que nous n’avons pas un chiffre précis, mais des estimations. Nous pensons que nous sommes au tour de 3 000 Burkinabè. Ce qui est important à retenir, c’est que nous avons commencé un récemment surtout avec les cartes consulaires. Donc logiquement d’ici quelques mois, nous pourrons avoir des données chiffrées sur le nombre de Burkinabè dans cette zone.
Quelles sont les difficultés auxquelles les ressortissants burkinabè sont fréquemment confrontés ?
Les ressortissants burkinabè sont fréquemment confrontés à diverses difficultés qui se présentent à différents niveaux. Lorsqu’ils arrivent dans un nouvel environnement, leur premier défi consiste à s’adapter et à trouver leurs repères. Outre cette période d’ajustement, ils font face à des problèmes liés à leur statut et à leurs responsabilités. En effet, l’immigration engendre souvent une dualité de vies. D’une part, ces individus doivent bâtir une nouvelle vie en tant que migrants cherchant à s’intégrer dans leur nouveau lieu de résidence. D’autre part, ils maintiennent également des liens forts avec leur pays d’origine, car beaucoup ont laissé leurs familles et leurs responsabilités là-bas. Cette tension entre ces deux vies engendre des défis permanents que nous vivons constamment.
Comment ça se passe pour ceux qui arrivent nouvellement à l’image des sans-papiers ?
En ce qui concerne les personnes nouvellement arrivées sans papiers, la situation s’avère complexe. Pour ces individus, l’accès à de nombreux emplois est restreint non en raison de leur manque de qualifications, mais simplement en raison du défaut de documentation nécessaire pour postuler. Cette réalité les contraint à se tourner vers des emplois de moindre envergure, qui ne nécessitent pas autant de formalités administratives. Ainsi, être dépourvu de documents légaux dans ces pays se traduit par une limitation significative du champ d’activités professionnelles envisageables.
Vous venez de prendre fonction il y a quelque mois. Dites-nous quelles sont vos missions ?
Effectivement j’ai été installé depuis seulement quelques mois en tant que consul honoraire. Je précise quand même que bien que notre cérémonie d’installation remonte à peu de temps, ma nomination en tant que consul date de 2021, et depuis cette année-là, je me suis engagé avec d’autres membres de la communauté dans nos responsabilités. Notre rôle principal réside dans notre engagement envers le Burkina Faso. Nous nous impliquons particulièrement dans des initiatives qui peuvent bénéficier au pays. Par ailleurs, nous assumons des tâches essentielles dans le cadre du service communautaire. Cela se traduit par la délivrance d’actes administratifs et la sauvegarde des intérêts des Burkinabè. Il est important de souligner que tout citoyen burkinabè en difficultés peut solliciter notre assistance, et nous nous engageons à évaluer chaque situation afin de déterminer comment apporter notre soutien. Je comprends que parfois notre action puisse déclencher des interrogations, car il s’agit d’un engagement bénévole. Il faut préciser qu’à la différence de la fonction de Consul Général ou d’ambassadeur, la fonction de consul honoraire n’est pas rémunérée et est entièrement basée sur du volontariat. Nous exercons nos activités professionnelles parallèlement. Et bien que nous ne puissions pas être totalement immergés dans chaque dossier à 100 %, nous mettons un point d’honneur à nos meilleurs efforts pour contribuer positivement à l’amélioration de la situation des Burkinabè. C’est un honneur de servir notre communauté, et nous restons déterminés à œuvrer en faveur du bien-être de nos concitoyens burkinabè.
Est-il possible pour vous de faire un bilan à chaud de ces quelque mois de fonction ?
Pour dresser un bilan, je dirais que le Burkina Faso s’est engagé dans diverses initiatives aux États-Unis au cours de ces derniers mois. Notre objectif principal a été donc de mettre en avant la présence du Burkina Faso, afin de faire valoir notre place sur la scène internationale. Un exemple concret de notre action est le partenariat que nous essayons de développer avec la Brigade nationale de sapeurs-pompiers, en établissant un accord de coopération avec leurs homologues américains. De plus, nous avons établi des collaborations avec des universités en vue de mettre en œuvre des projets concrets au Burkina Faso. Entre autres partenariats, nous avons des échanges avec des structures caritatives aux USA pour des dons prochains au Burkina. Ces actions concrètes témoignent de notre engagement. En parallèle, nous avons simplifié la procédure de délivrance d’actes administratifs. Nous avons donc réduit les tracas pour nos concitoyens, qui n’ont plus besoin de se rendre à Washington ou à New York pour obtenir certains actes officiels. Désormais, ces documents sont délivrés sur place et dans la même journée. Aucun dossier n’est laissé en attente, chaque demande est traitée rapidement, y compris le week-end. Notre priorité est de rapprocher nos services de nos concitoyens pour leur apporter une aide concrète et efficace. C’est là l’essence de notre présence.
Quels sont les services consulaires les plus sollicités au sein de votre consulat ?
Parmi les demandes les plus courantes figurent en premier lieu la délivrance de passeports, un document indispensable pour tous les Burkinabè résidant à l’étranger. En outre, la demande de carte consulaire est également très reconnue. En dehors de ces services, nous traitons régulièrement les procurations, les laisser-passer et les légalisations, ainsi que toute demande de délivrance d’actes administratifs.
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés en tant que consul honoraire?
En tant que consul honoraire et avec mon équipe, nous faisons face à des défis qui sont en grande partie en phase avec ceux auxquels les Burkinabè sont confrontés. Les enjeux sécuritaires constituent notre principale préoccupation. Nous nous efforçons de promouvoir l’image positive du Burkina Faso malgré la situation. Nous travaillons à montrer aux yeux du monde que malgré les défis liés aux déplacements des populations et aux opérations des Forces de Défense et de Sécurité sur le terrain, notre pays demeure accueillant et viable. Un aspect clé de notre travail consiste à attirer des investisseurs et à exhiber les opportunités que présentent le Burkina Faso, afin d’encourager non seulement les investissements étrangers, mais aussi l’engagement des Burkinabè eux-mêmes. Nous reconnaissons que la lutte contre le terrorisme est intrinsèquement liée au développement socio-économique. En favorisant la création d’initiatives économiques, nous pouvons contribuer à réduire les facteurs qui poussent certains individus à rejoindre les rangs des terroristes. Nous travaillons d’ailleurs à mobiliser la diaspora dans cette lutte. L’implication de nos compatriotes vivant à l’étranger pourrait constituer un atout majeur dans la lutte contre le terrorisme. En les sensibilisant et en les engageant dans des initiatives concrètes. Nous aspirons à renforcer les actions visant à prévenir le recrutement des terroristes. Si nous arrivons à développer des initiatives économiques, cela permettra de réduire le champ de recrutement des terroristes. C’est à cela nous travaillons ; nous essayons de penser à comment est-ce qu’il faut impliquer la diaspora dans la lutte contre le terrorisme.
Êtes-vous impliqué dans le processus de demande de visa burkinabè pour les citoyens américains ?
Nous n’intervenons pas dans ce processus. L’avantage pour les citoyens américains est que le visa burkinabè est sous forme d’e-visa. Même l’Ambassade du Burkina Faso aux États-Unis n’est pas impliquée. Tous ceux qui souhaitent obtenir un visa burkinabè doivent se rendre sur le site de « e-visa » où ils peuvent remplir les conditions requises. Pour les Américains, le coût est d’environ 140 dollars US pour une durée de 5 ans.
Comment le consulat facilite-t-il les échanges commerciaux et les investissements entre votre pays et le pays hôte ?
Actuellement nous avons été munis d’un guide pour le consul honoraire pour les investissements au Burkina Faso. C’est un guide que notre ministère de tutelle nous a donné. Ce guide, fourni par notre ministère de tutelle, vise à renforcer notre communication et à mettre en lumière les nombreuses opportunités économiques qu’offre le Burkina Faso dans divers secteurs prometteurs. Notre objectif est de permettre aux individus et aux entreprises de mieux appréhender les avantages à saisir au Burkina Faso. Dans cette optique, nous nous efforçons d’améliorer notre communication pour présenter de manière exhaustive les perspectives économiques qu’offrent nos pays. Nous mettons particulièrement l’accent sur les opportunités dans divers secteurs économiques à fort potentiel.
Quelle expérience avez-vous à partager à partir de votre rôle de consul honoraire ?Haut du formulaire
Un jour, alors que je discutais avec un Américain de la faible participation des investisseurs américains en Afrique, une anecdote intéressante a émergé de notre conversation. Il m’a partagé une expérience vécue où des amis américains l’avaient contacté, lui annonçant qu’un entrepreneur nigérian souhaitait collaborer avec lui dans le cadre d’une affaire commerciale. À mesure que les discussions avançaient, l’accord se concrétisait et le Nigérian avait même requis les coordonnées bancaires de mon interlocuteur pour le paiement convenu. Cependant, mon interlocuteur avait ressenti une certaine réticence, liée à l’origine africaine de son partenaire potentiel. Cela montre comment est-ce ces gens pensent de nous. A travers cela, on se rend compte qu’il y a une rupture de confiance entre les deux communautés. Cela témoigne du travail que nous devrons faire pour casser ces barrières, créer un climat de confiance pour qu’il y ait assez d’échanges.
Les autorités burkinabè dans leur dynamique d’impliquer la diaspora dans les affaires du pays ont demandé depuis un certain temps la contribution de la diaspora dans le cadre de l’effort de paix. Comment votre consulat y travaille ?
Les autorités du Burkina Faso, dans leur dynamique visant à engager la diaspora dans les affaires du pays, ont récemment sollicité la contribution de cette dernière pour soutenir les efforts en faveur de la paix. Pour ce qui est du rôle de notre consulat dans cette démarche, il est indéniable que nous y accordons une attention particulière. En effet, plusieurs campagnes communautaires ont déjà été mises en œuvre, bien que celles-ci ne relèvent pas du consulat. Diverses associations se sont unies pour apporter leurs contributions il y a seulement quelques mois par exemple. Ces initiatives favorisent l’engagement actif de la diaspora burkinabè. Par ailleurs, d’autres structures fonctionnent également en interne à leur échelle pour appuyer cette cause. Toutes ces actions témoignent des efforts déployés par les membres de la communauté burkinabè, au-delà des frontières du pays, en faveur de cet objectif.
Pouvez-vous nous donner en exemple un montant ou une estimation de ce qui a été fait par la diaspora Américaine ?
En termes de montant, il y’a la dernière collecte intercommunautaire de la diaspora americaine qui était autour de 48 millions de F CFA.
Comment percevez-vous la diplomatie mise en place par le Burkina Faso depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré ?
Il est évident que nous assistons à une ouverture vers de nouveaux partenariats. Cette démarche reflète notre volonté de diversifier nos relations internationales, tout en reconnaissant que nous avions déjà des privilèges avec ces pays par le passé. Cependant, ce qui se remarque davantage, c’est l’intensification des échanges. Cette dynamique est louable et mérite d’être encouragée. Mais il est crucial de mesurer les avantages concrets que nous gagnons. L’évaluation de ces actions renforcées devra utilement rester sur les résultats obtenus. Notre espoir repose sur la capacité de ces initiatives à contribuer à la lutte contre le terrorisme et à promouvoir le développement de notre nation.
Quel peut être la place de la diplomatie dans la lutte contre le terrorisme ?
La diplomatie joue un rôle crucial dans la lutte contre le terrorisme en prévoyant des opportunités de collaboration et de coordination entre les nations. Pour résoudre ce défi complexe, il est indéniable que les efforts individuels ne suffisent pas. Ainsi, l’importance de la coopération entre les pays voisins et même ceux éloignés ne peut être sous-estimée. La mise en place de partenariats mutuellement bénéfiques avec des nations du monde entier revêt une grande importance. Il s’agit de rechercher des solutions qui répondent aux intérêts du Burkina Faso tout en contribuant à la sécurité et à la stabilité mondiales. Cette approche pourrait être qualifiée de « diplomatie de conflit » qui vise à trouver des solutions tant sur le plan sécuritaire qu’économique. Encourager et promouvoir cette approche dans de telles situations est essentielle pour progresser efficacement dans la lutte contre le terrorisme.
Des projets M. Barry ?
Bien sûr. Nous sommes engagés dans plusieurs projets aussi bien économiques que sociaux et humanitaires. Parmi ceux-ci, nous avons établi des partenariats avec des investisseurs pour la réalisation de projets gouvernementaux au Burkina Faso ainsi qu’à travers d’autres régions d’Afrique. En parallèle, nous nous investissons dans des initiatives à caractère social. De plus, dans les prochains mois, nous prévoyons le déploiement de nouvelles actions concrètes dans le cadre de ces projets.
Aimeriez-vous ajouter quelque chose pour conclure cet entretien ?
Je tiens à mon nom propre et au nom de mes collaborateurs à exprimer notre plein soutien et notre profonde gratitude à nos forces de sécurité et nos volontaires engagés jour et nuit dans la lutte contre le fléau du terrorisme. J’adresse un appel chaleureux au peuple burkinabè, les incitant à renforcer leur unité afin que collectivement, nous puissions éradiquer ce mal qui nous afflige depuis plusieurs années, car il s’agit indubitablement de l’un de nos plus grands défis actuels. Aux efforts conjoints de chacun, nous réussirons à instaurer une paix durable au Burkina Faso. »