Depuis la création de l’univers, l’être humain a toujours une propension naturelle au caché, au mystère, à la connaissance de l’occulte. Il s’interroge constamment sur sa relation avec le visible et l’invisible ainsi que sur les comportements et choix à développer pour s’intégrer facilement dans la société. La liberté de pensée l’a souvent conduit à nier le domaine de l’occulte. La peur de l’inconnu l’a aussi souvent poussé à reconnaitre l’existence d’êtres surnaturels qui contrôleraient l’univers.
À travers, les sciences philosophiques, certains questionnements lui sont apparus à savoir : d’où venons-nous ? Où allons-nous ? Et que sommes-nous ? Un conflit intérieur entre sa personne et son âme lui suggère l’existence d’un Créateur, d’une Entité qui régit l’équilibre des forces de l’univers. Son espoir repose alors sur le Créateur qui lui apporte la sérénité dont il a besoin quotidiennement. Une autre pensée lui suggère carrément la non existence d’un Créateur. Ce qui le pousse alors à une liberté incontrôlée et parfois il peut être impitoyable face aux crimes et aux destructions autour de lui. Les peuples du monde entier ont une histoire à travers des rythmes et des pratiques qui les définissent. Leurs attachements sont tels que leur vie en dépend. La religion a toujours été au cœur des préoccupations de l’être humain car elle lui apporte des réponses à certaines de ses interrogations.
Dans notre monde, la diversité des cultes montre la place de la religion dans la vie humaine. La chine compte à elle toute seule plus d’un milliard de bouddhistes, l’Inde où l’indouisme est pratiqué en majorité par plus d’un milliard d’indous ; le monde compte plus d’un milliard de chrétiens et plus d’un milliard d’individu pratique l’Islam. À côté de cela, il existe plusieurs autres pratiques ésotériques auxquelles s’adonnent certains pour justifier leur croyance. Ceci montre l’influence de la religion dans la vie de l’homme.
Ce constat rend pertinent la connaissance du rôle de la Religion dans l’univers. La psychologie traite donc du comportement humain en tant que processus psychique. Et cette espèce de connaissance ou de science s’emploie à déterminer les sources des processus psychiques et s’efforce de les contrôler. Le fondement général du comportement humain repose sur un principe « de la recherche du plaisir et de l’évitement de la douleur).
La Religion est un Code de conduite qui gouverne la Foi de l’homme, ses actes et ses obligations morales. Elle a été apportée par les Prophètes élus d’Allah, pour le Salut de l’humanité. Dans le livre « Universalités de l’Islam », Allâmah Mohammad Hossayn Tabatabai divise la Religion en trois grandes parties : les Croyances, la Morale et les Commandements. L’homme s’est familiarisé avec la religion depuis un temps si lointain qu’il couvre toute l’histoire enregistrée de la vie humaine et remonte aux profondeurs des époques préhistoriques. Le Saint Coran a décrit la religion comme la nature innée de l’homme et l’ordre établi d’Allah. En effet, il dit à ce propos : « …
La Religion est en harmonie avec la nature qu’Allah a donnée à l’homme en le créant ». (Sourate Al-Roum ; 30:30) Les recherches menées par les sociologues et les historiens montrent que les lieux de culte, qu’ils soient sous une forme simple ou élaborée et complexe avaient toujours une influence sur la vie humaine, et que la religion sous ses formes diverses s’est toujours imbriquée dans l’histoire de l’homme. Will Durant, après avoir discuté d’une façon détaillée de l’athéisme de certaines gens, écrit, que malgré tout ce qui a été dit à ce propos, il y a des cas exceptionnels où l’ancienne idée, selon laquelle la religion est un phénomène qui s’étend généralement à tous les êtres humains, est vraie. La question de la religion est du point de vue du philosophe, l’une des questions fondamentales de l’histoire et de la psychologie. Il ajoute que depuis les époques immémoriales la religion allait toujours de pair avec l’histoire de l’humanité. L’idée de la piété ne peut jamais quitter le cœur humain (« Histoire de la Civilisation », vol. I, pp. 88-89).
Du point de vue psychologique cette relation historique entre l’homme et la religion prouve que le « sentiment religieux » est l’un des instincts humains fondamentaux et l’un des éléments naturels de l’âme humaine. Il est clair que parfois, lorsque le niveau de la pensée humaine était bas et que les sciences n’avaient pas encore réalisé un progrès remarquable, ce sentiment intime était incroyablement mélangé avec des superstitions ; mais que graduellement, avec le progrès des sciences d’une part, les efforts persistants et les enseignements des Prophètes de l’autre, il s’est purifié des adultérations, et a recouvré par conséquent sa pureté et son originalité. Dans ces circonstances, il paraît surprenant que pendant les siècles passés, notamment depuis le XVIème siècle, une vague antireligieuse violente ait englouti les pays occidentaux, et que beaucoup de libre- penseur européens se soient séparés de l’Église.
Ceux qui voulaient rester loyaux envers la religion se sont tournés vers certaines religions orientales ou plutôt vers une sorte de gnosticisme, alors qu’un grand nombre de gens ont été attirés par le matérialisme et tout ce qui est de ce genre. Mais lorsqu’on examine de plus près les racines de ce sujet, on remarque que dans les circonstances spécifiques qui prévalaient en Europe à cette époque, ce phénomène n’avait rien d’inattendu.
Pour l’expliquer, on doit considérer les facteurs ayant conduit aux mouvements antireligieux et à la tendance au matérialisme en Europe, dans le contexte de la politique suivie par l’Église à l’égard de la Renaissance et du progrès réalisé dans les divers domaines de la science naturelle. En effet, au Moyen Age et notamment durant la période allant du XIIIème aux XVème siècles, l’Église a entrepris une campagne contre la science et s’est efforcée d’écraser les mouvements scientifiques à travers l’Inquisition. À la suite du décret papal condamnant la science, des gens comme Galilée furent persécutés et forcés à renier la théorie du mouvement de la terre.
Cette campagne a continué jusqu’à la dernière partie du XVIIème siècle. Il est évident que cela a provoqué la réaction des scientifiques contre l’Église, lesquels scientifiques œuvraient avec détermination en vue de l’avancement de la science. Une erreur d’analogie et une comparaison indue entre la position spécifique de l’Église au Moyen-âge et l’attitude des autres religions a conduit certains scientifiques à entreprendre une campagne en règle contre toutes les religions et à les rejeter toutes. Ils sont allés jusqu’à inventer une doctrine dénommée « discorde entre la religion et la science ». Mais une étude du mouvement scientifique en Islam, commencé dès le premier siècle de l’hégire et portant ses fruits aux IIème et IIIème siècles de cette ère, montre que dans la Société musulmane le cas était tout à fait différent.
Ce mouvement avait vite donné naissance à des scientifiques tels que al-Hassan Ibn Haytham, le célèbre physicien musulman, Jâbir Ibn Hayyân que les Européens appellent « le Père de la Chimie », et d’autres hommes semblables. Leurs écrits ont laissé une grande influence sur des scientifiques tels que Roger Bacon, Johannes, Kepler et Leonardo Da Vinci. Il est intéressant de noter que tout le progrès scientifique réalisé dans la Société islamique a eu lieu à une époque que les Occidentaux appellent le Moyen-âge, et qui coïncide avec l’opposition violente de l’Église à la Renaissance et aux pionniers du mouvement scientifique naissant. Des historiens éminents de l’Est et de l’Ouest, ayant étudié la culture islamique sont unanimement d’avis que les travaux des scientifiques musulmans ont donné naissance à un mouvement scientifique largement répandu et dont l’influence sur la Renaissance et le mouvement scientifique de l’Europe a été remarquable.
Ainsi, les facteurs qui ont conduit les intellectuels de l’Occident à s’éloigner de la religion, n’existaient pas dans la Société musulmane. Au contraire, l’Islam a créé une atmosphère meilleure et plus favorable à l’avancement de l’enseignement et à la promotion de la science. Bref, l’Islam avait stimulé les mouvements scientifiques dans le monde et pour cette même raison, il était devenu la principale fontaine du vaste développement de la science et de la connaissance. Cependant, il est indéniable que des disputes et des dissensions dans une partie de la Société musulmane se sont développées intensivement depuis le Vème siècle de l’hégire, et que la myopie de cette partie de la société, son insouciance des vrais enseignements de l’Islam, son apathie pour le progrès, son indifférence à l’esprit du temps se sont reflétées sur l’arrière -plan de plusieurs pays musulmans.
Un autre facteur a compliqué le problème. L’Islam n’était pas présenté correctement aux générations suivantes. Ainsi, le rôle constructif de l’Islam a décliné progressivement dans différents domaines. À présent, beaucoup de jeunes gens croient que l’Islam a toujours été dans cet état lamentable. Cependant, l’Islam a un avenir prometteur. En ravivant les idéaux de l’Islam et en le projetant sous une forme adéquate, notamment à l’intention des esprits influençables de la jeune génération, on peut espérer ardemment que l’Islam reprendra rapidement son caractère originel et son appel universel.
La religion et les écoles philosophiques de la pensée Aucune religion n’approuve le matérialisme, qu’il soit sous sa forme simple ou sous forme de matérialisme dialectique qui est la base même du marxisme et du communisme, car le matérialisme professe que l’univers est une série d’événements non prémédités et sans but. En critiquant le matérialisme, la Religion se fonde sur un nombre de principes tout à fait logiques, car l’interprétation de l’ordre de l’univers, avancée par l’école matérialiste est non scientifique, car la science se fonde dans ses recherches sur des systèmes bien calculés et précis qui ne sauraient être interprétés par des événements fortuits et accidentels.
La science reconnaît que le Créateur de cet univers est le plus grand physicien et chimiste, le médecin le plus expérimenté, le meilleur anthropologiste et cosmologiste, car en accomplissant son travail, il a utilisé toutes les lois scientifiques. Naturellement, il n’aurait pas pu faire ce qu’il a fait sans avoir une connaissance complète de ces lois. Il va sans dire que des facteurs naturels et des développements naturels ne peuvent guère avoir une telle connaissance. Le matérialisme a accepté la doctrine de la compulsion comme l’une de ses bases principales. Il soutient que toute action humaine et tout mouvement humain est le résultat d’une succession de causes obligatoires. Sur cette base, selon le point de vue matérialiste, tous les efforts de l’homme sont comme les mouvements des roues d’une machine.
Il est évident que l’acceptation de cette vue va à l’encontre de l’idée de toute responsabilité sociale, morale ou humaine. D’une façon contrastante, la religion accepte le principe de l’obligation et de la responsabilité, et fonde donc ses enseignements sur la liberté de la volonté humaine. Il est indéniable que l’acceptation du principe de la compulsion porte un coup au dynamisme, au sens du devoir et de la responsabilité, et contribue aux crimes et aux agressions, puisque les délinquants peuvent se déclarer non responsables de leurs crimes, et prétexter que ce qui les a conduits à commettre ces crimes ce sont un tas de facteurs, tels que l’éducation, l’environnement, la situation sociale, etc. Mais de tels effets nuisibles ne sont pas possibles si le principe de libre volonté est admis.
Avec l’idée de « la matière gagne du terrain », les matérialistes ont pratiquement évincé toutes les valeurs sublimes et morales. Les effets de ce mode de penser sont très pernicieux, car sans des vertus telles que la philanthropie, la tolérance, le sacrifice, la sincérité et l’amour, l’homme serait n’importe quoi, sauf un être humain, et aucun problème ne serait résolu à l’échelle mondiale, car la croyance à la domination exclusive de la matière n’est évidemment pas compatible avec les principes de vertus. Certaines personnes pensent que la religion restreint la liberté individuelle et empêche la satisfaction de certains désirs, alors qu’en réalité, le but des enseignements religieux n’est nullement de réprimer la liberté logique, mais plutôt de diriger les efforts de l’homme vers des voies plus constructives et plus fructueuses, afin qu’il réalise la paix et le contentement intérieurs dans la vie d’ici-bas et qu’il s’assure une récompense dans l’autre monde.
Par exemple, si la religion interdit l’usage des stupéfiants, des jeux de hasard et la permissivité illégale dans la vie sexuelle, elle l’a fait pour le bien du corps et de l’âme de l’individu et aussi pour le maintien d’un ordre social harmonieux. Ce tabou moral est en parfait accord avec le vrai esprit de liberté, car la liberté signifie que l’homme doit être capable de tirer pleinement avantage des biens de son existence, lesquels constituent l’une des innombrables bénédictions de la Providence. En contrepartie de quoi, il doit rendre des services louables en concourant à l’établissement d’un monde meilleur et plus stable.
La religion encourage toute liberté qui aide l’homme à améliorer les moyens de vie légaux, et c’est cela seulement la liberté au vrai sens du terme. Tout le reste n’est que pseudo-liberté, car ne servant ni les individus ni la société. C’est pourquoi la religion permet à l’homme d’utiliser toutes les bonnes choses de la vie, à porter n’importe quel vêtement raisonnable, à savourer toute nourriture pure et tout passe- temps sain. En un mot, elle a autorisé l’usage de tous les conforts et convenances de la vie, et demande qu’on n’abandonne aucune chose de ce genre. Le Saint Coran dit : « Dis : « Qui donc a déclaré illicite la parure qu’Allah a produite pour Ses serviteurs, et les nourritures pures qu’il leur a accordées. »(Sourate al-Arâf ; 7:32) En outre, notre religion nous demande de satisfaire la plupart des besoins et des exigences de l’époque.
L’Islam nous recommande d’une façon plus éloquente d’acquérir le savoir et d’avoir une connaissance toujours renouvelée dans tous les domaines. L’un des dirigeants de l’Islam, l’Imam al-Çâdiq a dit : « Celui qui connaît son époque et ses exigences, ne sera pas pris de court par les malheurs de la vie. » Notre religion nous apprend qu’en dehors des idées nouvelles, des coutumes et des usages, nous devrions choisir ce qui est utile et valable et écarter ce qui est inconvenant et incorrect. Nous ne devons ni suivre les autres aveuglément, ni adopter ce qui n’est pas compatible avec la dignité humaine et avec l’esprit rationnel. Le Saint Coran dit : « Annonce la bonne nouvelle à mes serviteurs qui écoutent la Parole et qui obéissent à ce qu’elle contient de meilleur voilà ceux qu’Allah dirige ! Voilà ceux qui sont doués de bons sens. » (Sourate al- Zumar ; 39: 17-18)
Porgo Yahya Yassia Professeur Arabe Bobo Dioulasso Burkina faso