Moussa Ilboudo, président de l’Union nationale des patriotes engagés pour la Défense des droits des usagers de l’administration nous a accordé une interview dans laquelle, il aborde les sujets d’actualité relatifs à la question sécuritaire. Il propose des idées par rapport à l’essor économique dans un contexte d’insécurité. Sans langue de bois, il fustige le choix de certains membres du gouvernement mais il demeure convaincu que la victoire est certaine contre le terrorisme si l’ensemble du peuple se mobilise avec le capitaine président Ibrahim Traoré. Lisez plutôt !
Le Burkina Faso a subi un deuxième coup d’Etat après celui du 24 janvier 2022. Désormais c’est le capitaine Ibrahim Traoré qui est le capitaine du navire battant pavillon Burkina. Cela était-il prévisible lorsqu’on se rend compte de la recrudescence des attaques terroristes à un moment donné ?
On pourrait dire effectivement que cette situation était prévisible dans la mesure où à un moment donné on avait l’impression que les objectifs du Mouvement patriotique pour le sauvegarde de la patrie et la restauration (MPSR) avait dévié. Comme l’a dit l’ancien président Henri Sandaogo Damiba, la cause principale du coup d’Etat était le problème sécuritaire. Pourtant on s’est rendu compte dans sa gestion que la question sécuritaire n’était pas prise à bras le corps et que par contre ce sont d’autres questions qui l’intéressaient notamment le problème de la réconciliation nationale. Nous avons senti, une déviation de l’objectif principal pour aller sur le terrain politique. Le problème de la réconciliation était presqu’au-dessus de toutes les autres questions. Pourtant la réconciliation ne doit pas être uniquement politique mais elle doit embrasser tous les autres domaines.
La question de la réconciliation nationale n’est –elle pas nécessaire pour venir à bout du terrorisme au Burkina Faso ?
Oui effectivement la réconciliation est certes importante mais la question sécuritaire est beaucoup plus urgente. Il faut absolument évacuer cette question avant d’aborder d’autres aspects. Il faut qu’on aille par la suite tous dans la même direction pour taire les divergences.
Justement le MPSR II met l’accent sur le point névralgique qui est la crise sécuritaire. D’ores et déjà les premières actions vous rassurent-elles ?
Il y a beaucoup d’espoir qui se profile à l’horizon. A entendre dès les premières heures, le capitaine Ibrahim Traoré n’a pas voulu venir à la tête de l’Etat ; Il a indiqué qu’il est là pour la rectification. C’est l’ensemble des populations qui l’ont obligé à rester au pouvoir. Par conséquent, le peuple n’a pas intérêt à abandonner le capitaine Ibrahim TRAORE puisque son échec sera celui de l’ensemble du peuple. Nous devons nous battre comme un seul homme pour que la Transition réussisse. Le peuple n’a pas intérêt à ce que le capitaine Ibrahim Traoré échoue. Si ce régime échoue, j’aurai peur de l’avenir de notre chère patrie.
Les premières actions vont –elles dans le sens de la victoire du peuple contre l’hydre terroriste ?
Les actions sont rassurantes en ce sens qu’il y a le franc parler sur les questions d’intérêt national. Gouverner, c’est aussi de rendre compte de la réalité sur le terrain. Certains présidents pour des raisons diplomatiques évitaient de dire certaines réalités mais avec le capitaine Ibrahim Traoré on se rend compte qu’il y a une certaine réalité qui est clairement décrite. Si tout le monde prend conscience de la situation, il est clair que nous pourrons tirer notre épingle du jeu.
« Le peuple n’a pas intérêt à abandonner le capitaine Ibrahim Traoré puisque son échec sera celui de l’ensemble du peuple »
Il y a récemment un recrutement massif des volontaires de la défense de la patrie (VDP). Quelle appréciation vous faîtes de cela ?
C’est une très belle initiative. Thomas Sankara avait dit qu’on ne saurait laisser la gestion d’un pays entre les mains d’un groupuscule de personnes quel que soit leur formation militaire. Il faut absolument que la population se mobilise derrière son armée pour endiguer le mal qui nous ronge depuis des années durant. Si le recrutement de 100 VDP par région réussi, il est clair qu’ils pourront être d’un apport important auprès de nos Forces de défense et de sécurité. L’essentiel doit se jouer la compréhension mutuelle sur le terrain et surtout dans la coordination des actions. Nous devons comprendre que les FDS sont des civils en tenue. Elles constituent une partie intégrante du peuple. Nous devons les accompagner.
Vous avez toujours demandé l’intervention d’autres pays dans le sens de la diversification de la coopération militaire. Le MPSR II a mis l’accent sur ce recrutement massif en priorité. Trouvez-vous que c’est une bonne alternative ?
Bien sûr. La demande de la coopération avec la Russie était liée au fait qu’il y avait une crise de confiance des populations avec notre armée. Avec l’arrivée de Ibrahim Traoré au pouvoir, on s’est rendu compte qu’il y a eu des rencontres avec des FDS pour motiver les troupes tout en mettant l’accent sur l’aspect républicain de l’action militaire. En plus il a renforcé l’action de l’armée par le recrutement des VDP. Cela est vraiment rassurant. Nous n’avons pas besoin d’un autre pays forcement si nos forces endogènes sont engagées. De toute façon la Russie n’allait pas soutenir gratuitement notre pays dans la lutte contre le terrorisme. Si ces fonds peuvent servir à renforcer nos FDS, je pense que c’est salutaire. Nous devons apprendre à compter sur soi-même. C’est en cela que j’apprécie les propos du Premier ministre Kyelem de Tambela qui a soutenu qu’on ne peut pas développer le Burkina Faso sans faire référence aux idéaux de Thomas Sankara. Nos autorités doivent s’imprégner des documents du président capitaine Thomas Sankara pour tirer la quintessence de toutes les idées qui peuvent aider à développer le Burkina.
La crise sécuritaire a pour conséquence la morosité économique. Que proposez-vous, pour venir à bout de cette situation qui crée la cherté de la vie ?
A mon avis c’est une question essentielle à prendre en compte. A ce niveau c’est le Premier ministre qui doit mener des actions concrètes dans ce sens pour jouer sur la cherté de la vie. S’il fait un suivi des actions gouvernementales sur ces questions, ce sera très positif. Il faut encourager l’effort de nos opérateurs économiques, des commerçants, des acteurs du commerce que ce soit formel ou informel à l’action économique à travers une meilleure gestion des recettes fiscales et douanières. Chacun doit être en ordre de bataille pour jouer sa partition pour que la cherté de la vie soit atténuée. Il faut bien gérer les biens publics.
Quel climat économique pour permettre aux acteurs économiques de créer la plus-value dans l’économie nationale ?
Il faut travailler à la quiétude des populations à la paix, ce sont les préalables pour un bon climat des affaires. En plus il faut favoriser les bonnes conditions d’investissement en facilitant les prêts aux opérateurs économiques. Par exemple si un commerçant veut contracter un prêt, il lui faut une garantie. Toute chose qui n’est pas facile puisque beaucoup de gens sont dépossédés de leur bien à défaut d’honorer les engagements. Par exemple pour le choix du ministre du Commerce, le Premier ministre devait également consulter les acteurs du privé à travers leur structure faitière comme le Patronat, la Chambre du commerce et d’Industrie. Nous avons l’impression que le secteur privé n’est pas suffisamment associé à la gestion des affaires publiques. Il faut revoir cela et prendre en compte les préoccupations des acteurs économiques. Je saisis l’opportunité que vous m’offrez pour saluer l’initiative des opérateurs économiques qui, lors d’une réunion au siège de de Chambre de commerce entendent se donner la main pour combattre avec le peuple l’hydre terroriste. Je voudrais également lancer un appel aux commerçants de parler le langage de l’union au lieu de la désunion. Il faut mettre l’accent sur l’intérêt général et non sur l’intérêt personnels ou pour faire des clivages politiques qui sont nuisibles au développement de notre pays. L’autorité devrait s’assumer face à ceux qui utilisent leur récépissé d’association pour créer la division. Nous avons besoin d’unité pour avancer. Nous n’avons besoin des OSC qui veulent accompagner subtilement des hommes politiques.
« Nous devons nous battre comme un seul homme pour que la Transition réussisse »
Vous parlez de ministres contestés alors que les concernés ont été remplacés au gouvernement, celui du commerce ayant volontairement démissionné ?
C’est une erreur du gouvernement de nommer et de démettre par la suite. Par exemple pour le choix du Premier ministre par le capitaine Ibrahim Traoré, tout le monde a apprécié. Comment se fait –il que le gouvernement nomme à son tour des gens qui sont contestés. Par exemple avec certains ministres on a l’impression que le syndicalisme est confondu à la question de la gouvernance. Nous devons éviter le populisme dans les questions de gouvernance. Nous devons mettre l’accent sur les questions essentielles notamment celui des déplacés internes. Un des dossiers cruciaux que certains ministres devraient tirer des tiroirs, c’est la question de la mise à plat des salaires pour harmoniser les salaires des fonctionnaires. C’est en cela que la corruption va cesser au niveau de l’administration.
Vous avez initié une opération mana mana dans votre arrondissement 11 de Ouagadougou et ce dans la foulée de l’opération mana mana organisé par le MPSR I. Avec l’avènement du MPSR II allez-vous continuer l’initiative ?
C’est un projet de salubrité qui a une source lointaine depuis la révolution sous le capitaine Thomas Sankara. Ce projet a été relu sous le président Roch Marc Christian Kaboré. Le MPSR i ayant constaté qu’il s’agit d’un bon projet, a mis en œuvre le projet. Par conséquent, nous avons accompagné l’initiative et continuer de le faire aujourd’hui. Il y avait quelques failles dans l’organisation dans l’opération mana mana. Par exemple le jour coïncidait avec le samedi alors que jour, les gens vont plus pour les activités sociales notamment les mariages et autres. Par conséquent la mobilisation populaire n’est pas au rendez-vous. Pourtant si le jour de nettoyage est fixé au mardi ou mercredi même les agents publics pourront y prendre part. Il faut mettre l’accent sur la sensibilisation dans les arrondissements pour susciter une grande adhésion des populations au projet. Cela peut contribuer à résoudre les problèmes environnementaux.
Le MPSR II va-t-il continuer l’initiative ?
A entendre les propos du Premier ministre, il y a aura une continuité. Il s’agit de mettre d’abord les petits plats dans les grands pour parer au plus urgent sur le plan sécuritaire avant de poursuivre le projet.
Pendant ce temps que faîtes-vous ?
Nous continuons l’initiative. Pour preuve je mobilise permanemment les jours ouvrables les populations de notre arrondissement pour prendre part aux activités de salubrité. Nous n’attendons les jours indiqués pour le faire. C’est un acte patriotique auquel doit prendre part tout citoyen. J’ai appris que le MPSR II veut structurer l’opération. Nous souhaitons cela et que cela soit bénéfique en prenant en compte les problèmes environnementaux. Les déchets qui sont ramassés par les populations peuvent être recyclés et cela est source d’emploi pour plusieurs femmes.
Quel mot pour clore notre entretien
Nous devons être solidaire dans la situation sécuritaire actuelle de notre patrie. Nous devons faire preuve d’engagement patriotique pour soutenir le président du Faso à réussir la lutte contre l’hydre terroriste. Pour cela, j’encourage les initiatives d’enrôlement comme VDP afin que nous puissions par la synergie d’actions récupérer nos 274 000 km2 en intégralité.
Par Soumoubienkô Ki