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21 novembre 2024

BURKINA : «A l’image du pays, l’industrie burkinabè traverse une période très difficile », Mamady Sanoh

Mamady Sanoh, Président du Groupement professionnel des Industriels

La crise sécuritaire dont fait face le Burkina Faso ne n’épargne aucun secteur d’activité. Cette crise plombe un secteur qui peinait déjà à bien décoller et met dans la même veine en mal, le processus d’industrialisation tant espéré par les acteurs. A cet effet, nous nous sommes entretenus avec une figure de proue de l’industrie burkinabè, Mamady Sanoh. Président du Groupement Professionnel des Industriels, l’homme est aussi le Directeur général de FASOPLAST, Coordonnateur du Groupe IPS et également vice-président de la Chambre de Commerce et d’industrie du Burkina Faso. Pour lui, le poids de l’industrie manufacturière a baissé dans l’économie globale. Il explique d’ailleurs qu’elle est passée de 12% en 2012 à 2% en 2016. C’est pourquoi même si la contribution de l’industrie au budget est en progression, le tableau est peu reluisant. Lisez plutôt !

 Présentez-nous le GPI

Mamady Sanoh : Le Groupement Professionnel des Industriels du Burkina Faso est créé en 1974 et est dynamisé en 1995 par un groupe d’acteurs du secteur industriel avec à leur tête Martial Ouédraogo PDG du 3 S à l’époque. C’est une organisation qui œuvre à la défense des intérêts de ses membres en particuliers et de façon générale de l’ensemble des opérateurs du secteur industriel. Le GPI, dans le paysage institutionnel du Burkina Faso, est un cadre formel de concertation pour les opérateurs du secteur industriel et l’interlocuteur avec l’administration. Le GPI aide les entreprises existantes à étudier des questions, échanger des idées, adopter des positions et trouver des solutions à des problèmes d’intérêt commun. Enfin, il aide à maintenir une image positive de l’industriel burkinabé, forge la bonne réputation et encourage l’entreprise industrielle burkinabé à transformer les matières locales.

Combien d’unités industrielles sont membres du GPI actuellement ?

Le GPI regroupe en son sein les plus grosses entreprises industrielles du Burkina Faso. Il compte actuellement quarante-cinq membres en activité sur l’ensemble du territoire. Ces unités industrielles couvrent un large éventail de filières de production. Le GPI a prévu des espaces de partenariat avec les PME afin de donner la possibilité de collaboration entre les grandes et les petites entreprises.

Quel est l’état des lieux  de l’industrialisation au Burkina Faso ?

A l’image du pays, l’industrie burkinabè traverse une période très difficile. Sur plus d’une décennie, il est confronté à de nombreuses crises. En 2008, il y a eu la crise énergétique, suivie de la crise ivoirienne en 2010, puis de l’insurrection populaire en 2014. A partir de 2016, elle fait face à l’insécurité du fait des attaques terroristes. La COVID en 2019 et l’instabilité politique en sus. Un tel environnement est une véritable entrave pour l’économie entière et particulièrement pour l’industrie. De nombreuses unités sont au stade de la survie et doivent leur existence à l’intervention de l’Etat.  Le diagnostic posé en 2018 lors de la préparation du symposium sur l’industrie indique que le poids de l’industrie manufacturière a baissé dans l’économie globale. Elle est passée de 12% en 2012 à 2% en 2016. Même si la contribution de l’industrie au budget est en progression, le tableau est peu reluisant.

Selon vous l’industrie se porte-t-elle bien au Burkina Faso ?

Absolument pas.

Un commentaire sur la stratégie d’industrialisation au Burkina Faso

La stratégie nationale d’industrialisation adoptée en avril 2019, s’est fixée pour objectif de promouvoir la création, le développement et la consolidation d’une masse critique d’industries compétitives, durables, créatrices de valeur ajoutée et d’emplois décents principalement dans la transformation des matières premières locales. Cette vision devrait, si elle est mise en œuvre efficacement, permettre à notre secteur de rebondir, d’avoir un second souffle. Il reste à créer les conditions pour le succès de cette approche notamment la maitrise du coût des facteurs, le renforcement des infrastructures d’appui à l’industrie et l’assainissement du marché. Par ailleurs, l’entrée en vigueur de la ZLECAF nous y contraint.

« De nombreuses unités [ ] doivent leur existence à l’intervention de l’Etat »

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par l’industrie burkinabè ?

Comme évoqué plus haut, notre secteur évolue dans un environnement de crises. Aujourd’hui, la plus importante est la crise sécuritaire qui impacte l’ensemble du tissu économique.

Quelle solution pour redonner à Bobo-Dioulasso sa place de ville industrielle et capitale économique du Burkina ?

A ma connaissance, il y a un plan de relance qui est en réflexion et j’espère que celui-ci aboutira à un véritable sursaut. Le potentiel est là. Ce qui manque est la volonté politique

Des efforts sont faits dans la lutte contre la fraude, avec beaucoup de saisies, n’est-ce pas suffisant ?

C’est une question récurrente pour notre secteur. L’économie burkinabè souffre de ce fléau qui gangrène le tissu économique. Nous venons de sortir d’une crise du carburant qui est due en partie à la fraude sur ce produit. La situation d’insécurité actuelle alimente cette pratique qui tend à prendre de l’ampleur notamment la contrebande dans les zones où il n’y a plus d’Etat.

En 2022, des sociétés d’huilerie comme la SN Citec ont connu une perturbation de la production liée entre autres, à la disponibilité de la graine de coton. A votre niveau quelles les mesures prises ?

La question de la graine d’huilerie est complexe et sensible. Sa résolution demande l’implication de tous les acteurs concernés. L’Etat doit jouer son rôle d’arbitre impartial et soucieux du développement de l’ensemble de la filière. Les réflexions sont en cours et produiront certainement des résultats satisfaisants pour tous.

« De nombreuses unités sont au stade de la survie »

 Il y a quelques semaines, les autorités burkinabè avec en tête votre ministre de tutelle ont échangé avec celles de la Guinée sur des probables partenariats pour l’exploitation du port du port de Guinée. Un commentaire

Pour nous industriels, il n’y a rien de nouveau dans la mesure où ces trois pays sont déjà ensemble dans la CEDEAO qui est notre espace économique commun. Les opérateurs économiques sont déjà dans une bonne disposition pour renforcer cet axe si besoin est.

Quelles propositions pouvez-vous  formuler aux autorités afin que l’industrie joue réellement son rôle dans le développement du pays ?

Je voudrais tout simplement rappeler que l’industrie est le moteur de l’économie et aucun développement n’est possible sans l’industrie. Le Burkina Faso doit jouer avec ses atouts et saisir toutes les opportunités. C’est une question de choix et de volonté politique.

Avez-vous quelque chose à ajouter pour clore notre entretien ?

Souhaitez un retour rapide à la sécurité et la stabilité dans notre pays afin de permettre aux acteurs de mener leurs activités de création de richesses et d’emplois. Notre pays souffre énormément actuellement. Il a besoin de sortir de cette situation assez difficile pour s’occuper de son développement.

By Ib_Z

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